3 - La Voix
Juste avant d'arriver, le garde
nous dit :
— Il ne suffit pas de vous
courber pour saluer vos maîtres, mettez-vous à genoux et inclinez-vous jusqu'à
ce que votre front touche le sol.
On va rencontrer l'empereur du
Japon ? Bien sûr, on fait ce qu'il dit et quand on est devant un groupe
d'hommes et de femmes, on prend la pose qu'il a décrite, le front sur le sol,
les fesses en l'air. Le garde est satisfait, il dit :
— Redressez-vous, mais restez
à genoux.
On a l'occasion de regarder
nos "maîtres". Ils ont l'air d'une famille : les grands-parents, deux
couples d'une quarantaine d'années, deux garçons et trois filles d'une
vingtaine d'années. Ils sont vêtus de pantalons qui s'arrêtent aux genoux et
d'une espèce de chemise sans manche, aussi bien les hommes que les femmes.
Leurs vêtements sont sales et usés, ce sont des vêtements de travail. Le garde
nous dit :
— Soyez obéissantes et
travaillez bien.
Il s'en va. Un des hommes nous
parle en japonais. Aucune de nous ne comprend. Une des filles parle un peu
l'anglais. Elle désigne la ferme du doigt en disant :
— Suivez-nous.
Cette ferme est un ancien
bâtiment de pierre, assez délabré. Certaines parties plus récentes sont en
bois. On entre dans la cour. En plus de la maison, il y a une grange, d'autres
petits bâtiments de bois, un enclos avec une dizaine de porcs et des poules en
libertés. Il y a aussi une fosse à purin. C'est une ferme, quoi. La fille nous
montre des balais et des pelles appuyés contre un mur, en disant.
— Vous nettoyer et jeter là.
Elle nous montre la fosse à
purin et ajoute :
— Si pas bien : fouet !
Une fille lève la main. La
fille lui dit :
— Quoi ?
— On peut former des équipes,
maîtresse ?
Elle consulte les autres du
regard... Ils n'ont pas compris. Elle répond :
— Travaillez.
Le fait d'être appelée
maîtresse, ça lui a plu. Je dois me faire bien voir de cette fille. Je la
regarde plus attentivement, elle est plutôt grande, mince et son visage est
assez joli.
La fille qui lui a posé la
question nous dit :
— On va s'organiser...
Comme nous, elle semble être
Malaise, mais je pense qu’en réalité, il s’agit d’une Américaine. Peut-être une
universitaire, à entendre sa façon de parler. On fait des équipes, des filles
réunissent les excréments des poules et des débris divers. D'autres les
chargent dans des brouettes pour les déverser dans la fosse à purin. La fille
de la ferme crie :
— Plus vite !
Plus vite que quoi ? Aussitôt,
les quatre autres jeunes nous foncent dessus et nous donnent des coups de fouet
sur les fesses, les cuisses et les mollets. Ils visent bien les salopards. On
se met toutes à courir en gémissant. C'est ce qu'ils veulent ! La fille dit :
— Bien !
Dès qu'on ralentit, on se fait
fouetter. On court pendant au moins deux heures à ramasser de la merde de
poulets, des détritus et même les mauvaises herbes qui ont poussé un peu
partout. Je suis fatiguée et j'ai mal au dos, mais je suis quand même étonnée
d'avoir pu tenir ce rythme pendant deux heures. Ce nouveau corps a vraiment
l'air performant. La cour de ferme est propre ou presque. La nuit tombe et j'ai
l'impression qu'il n'y a pas d'électricité ici. La fille nous dit :
— Pas sortir ferme. Dormir là.
Elle désigne la grange... et
ajoute :
— Manger bientôt... eau, là.
Elle nous montre un puits et
s'en va. On reste dans cette cour de ferme, les poules sont rentrées dans leur
poulailler, les porcs sont installés sous un auvent. La chef, enfin, celle qui
est la plus décidée et qui a parlé à la fille, nous dit :
— Première chose, boire.
Elle se dirige vers le puits,
enlève le couvercle de bois et tourne une manivelle jusqu'à ce qu'un seau en
bois apparaisse. Une fille sait comment le bloquer. Il y a quelques récipients,
genre un pot cassé sur le bord du puits.
À tour de rôle, on vient
boire... Oh, ça fait du bien... Plusieurs filles se frottent les épaules et les
reins. On va toutes s'asseoir sur des ballots de paille dans la grange.
Maintenant, on attend la
nourriture. C'est surprenant de voir les autres filles aussi semblables et de
savoir qu'on ressemble à ça. C'est comme si nous avions 11 miroirs reflétant
notre image. La chef nous dit :
— On devrait se présenter. Je
suis Américaine... et avocate. Je défendais quelqu'un d'important, mais quand
je me suis rendu compte qu'il était coupable, je n'ai plus travaillé avec assez
conviction. Il a pris un autre avocat. Deux hommes sont entrés chez moi, ils
m'ont maintenue et m'ont fait une piqûre... vous connaissez la suite.
À tour de rôle, les filles
racontent leur histoire :
— Je m'appelle Laini, j'ai 18
ans et je suis Malaise, j'étais servante à Hong Kong. J'ai cassé un vase et
brûlé un chemisier en soie en le repassant. La maîtresse m'a battue, puis un
homme m'a fait une piqûre...
— Je suis Anglaise et j'ai
trompé plusieurs fois mon mari. Il l'a découvert....
— Je suis Italienne et j'étais
vendeuse. J'ai volé plusieurs sous-vêtements.
— Je suis Allemande et j'étais
strip-teaseuse. J'ai refusé de partir en week-end avec un riche client.
— Je suis Brésilienne et j'ai
déposé plainte contre mon patron pour des attouchements.
— Je suis Coréenne et je
tenais un blog sur le darknet. Je dénonçais les abus du pouvoir.
— Je suis Indienne et j'ai
giflé un producteur qui a mis la main sous ma jupe
— Je suis Française, j'étais
baby-sitter au Japon et j'ai giflé un gamin qui m'a craché au visage.
— Je viens des Philippines et
j'étais servante dans un pays du Golf, j'ai refusé de faire une fellation à mon
patron.
— Je suis Australienne et j'ai
dénoncé un trafic d'animaux sur mon blog.
On a toutes un point commun,
en dehors du fait qu'on se ressemble comme des sœurs jumelles, on a fait
quelque chose qui a servi de prétexte. De là à nous punir de cette façon...
L'avocate nous dit :
— Il doit y avoir autre
chose... on est trop différentes au départ. On est toutes de nationalité
différente. Il doit y avoir une raison à notre présence ici.
La Coréenne répond :
— Je crois aussi. Sur le
darknet, j'ai lu que des filles étaient enlevées par...
Elle s'arrête net et pousse un
cri en se frottant la hanche et la cuisse. Elle grimace de douleur pendant
quelques minutes.... Puis, elle se calme, mais elle n'a pas l'air à l'aise du
tout ! La chef lui dit :
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Rien, rien... D'ailleurs, je
me trompe, je... mélange avec un film. Sur le darknet, il y a beaucoup de
rumeurs.
Ouais... On se regarde et je
crois qu'on pense toutes la même chose, on est contrôlées ! La chef regarde le
plafond... elle cherche des micros, je crois. Là, je pense à un article
que j'ai lu et j'ai la mauvaise idée de leur dire :
— J'ai lu un article qui
parlait d'une organisation qui... Aaaïïeee !
J'ai une douleur fulgurante de
la hanche au mollet, le long du tracé du nerf sciatique. En même temps,
j'entends :
— Stop !
Ouch ! On doit avoir une
minuscule oreillette implantée dans l'oreille. La chef qui me regardait a
compris... la Coréenne et d'autres filles aussi. La chef nous dit :
— Les filles, on va faire ce
qu'on nous dit et dès qu'on sera obéissantes et qu'on parlera japonais, notre
situation va s'améliorer. Le fouet fait mal mais il ne blesse pas. Je crois
que...
On ne le saura pas car toute
la famille arrive, les jeunes portent des casseroles... et des lampes au
pétrole, car il commence à faire vraiment noir. Ils poussent le souci de
l'authenticité vraiment loin... Des lampes à pétrole, c'était en 1850 ou un
truc comme ça. Je dis qu'ils sont une famille, mais on peut douter de tout ici
!
On se lève et on salue. On va
manger... Non, car la fille nous dit :
— Avant manger, apéritif. À
genoux !
On obéit, tandis que les
hommes baissent leurs pantalons. Oh non ! Je comprends ce que veut dire
"apéritif". À tout prendre, c'est encore la fille qui parle anglais
qui me dégoûte le moins. Par chance, je suis près d'elle, je bouge un peu. Elle
me regarde et descend elle aussi son pantalon de toile. Je suis face à une
chatte d'un noir d'encre. La mienne doit lui ressembler. Les types choisissent
une fille, n'importe laquelle puisqu'on est toutes pareilles. La fille qui a sa
chatte presque sur mon visage nous dit :
— Faites bien... sinon, pas
manger : fouet.
Message bien reçu !
Elle enlève son pantalon et se couche dans la paille. Elle écarte les cuisses,
ses lèvres roses et mouillées me font une moue obscène au milieu de ses poils.
Je lui dis :
— C'est la première fois que je fais ça, Mademoiselle.
Elle a l'air de n'en avoir rien à foutre et me montre sa chatte du doigt.
C'est vrai que je n'ai jamais fait ça avec une fille... Dans mon milieu, c'est
quelque chose qui ne se fait pas... Non, c'est bête de dire ça. Disons que je
n'ai jamais eu d'attirance sexuelle pour les filles. Mais, je veux manger et je
ne veux pas être fouettée, alors je ferme les yeux et je colle mes lèvres aux
siennes... Son odeur est forte... mais j'embrasse et je lèche... J'invente un
proverbe pour dédramatiser la circonstance : "ventre affamé n'a point
d'odorat ni de goût". Je veux la satisfaire...
Des garçons m'ont déjà léchée et je me caresse parfois, oui, dans mon milieu ça
se fait ! Alors, je sais que je dois m'occuper de son clitoris, je lui donne
des petits coups de langue et le suce un peu. Elle aime ! Je continue à faire
le premier cunni de ma vie et je ne me débrouille pas trop mal... Bientôt, elle
gémit et dit des choses en japonais... Ses cuisses frémissent contre mes
oreilles et son bassin vient au-devant de ma langue. Elle met son pied sur ma
nuque et elle me pousse dans sa chatte en gémissant. Elle jouit... Je vais
manger !
Elle se redresse et regarde les autres.
Un des hommes a pris une fille de sa famille sur ses genoux et l'a assise sur
son sexe, les fesses tournées vers lui. Peut-être père et fille, parce qu’ils
se ressemblent fort... Ils ont tous les deux les jambes écartées. Une de nous
lèche le sexe du père et le clitoris de sa fille. L'air ravie de ce qu'on lui
fait, elle tourne la tête pour embrasser... son père ? Les autres filles sucent
les hommes, se font baiser en levrette ou encore lèchent les femmes. Un vrai
film porno !! Je crois que ce sont vraiment des paysans et qu'ils sont ici pour
gagner de l'argent et se lâcher sexuellement. Pas de douleur dans la jambe ?
Ouf ! "L'ordinateur central" ne peut pas lire mes pensées.
Mais je m'en fous du spectacle porno, j'ai faim !
Il faut bien une dizaine de minutes avant que tous les membres de la famille
Adams (vous vous souvenez du film ?) jouissent dans une de nous. La fille qui
parle un peu l'anglais, celle dont j'ai l'odeur sur le visage et le goût dans
la bouche, nous montre un seau en bois en disant :
— Les besoins.
Compris... Ils s'en vont... avec les lampes et nous laissent dans le noir. Il
ne doit pas y avoir de clair de lune pour faire aussi noir. Une fille dit :
— Eh ! L'Américaine, comment on fait ?
Elle répond :
— Qui sait où sont les casseroles ?
— Moi, je suis à côté.
— Bien, les filles, on doit se donner la main.
On se tâte dans le noir et on finit par toutes se donner la main. La chef dit :
— La fille qui est près des casseroles, tu as vu ce qu'il y a dedans ?
— Du riz, du poisson séché, je crois, et puis des pommes.
Comment on va faire ? Une fille se met à pleurer... Et là, miracle, enfin façon
de parler, une faible lueur éclaire la grange. Une fille dit :
— Merci, Arigatō, Arigatō (merci).
On répète toutes :
— Arigatō, Arigatō.
La Voix nous a aidés ! C'est dingue ! On se réunit toutes autour des casseroles
et on mange avec nos mains sales.
La chef l'avait dit, " Ils veulent nous garder en forme ". La preuve
c'est qu'il y a assez à manger. Quand on a fini, on passe toutes sur le seau...
Là, le peu de lumière m'arrange. Quand on a toutes fait ce qu’il faut, on boit,
car il y a une cruche avec de l'eau. Une fille a repéré des sacs de jutes
vides, on les dispose sur la paille. Il y en a assez pour en mettre sur soi
comme un drap. C'est le grand luxe ! Je dis :
— J'ai peur, je voudrais dormir contre quelqu'un.
D'autres filles répondent :
— Moi aussi.
On se retrouve collées les unes aux autres et je m'endors...
À suivre.
Bruce Morgan a illustré les 5
tomes de "Mia sans dessous" et les 2 tomes de "Samia, fille du
voyage."
Nos livres sont ici :
https://www.lamusardine.com/recherche?s=mia+michael&controller=search
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