26 - Au sommet.
Utaro nous demande :
— En France, vous n'avez pas
des chansons de marche ?
Je réponds :
— Si, si j'ai été chez les
guides et on en avait.
Nadia s'écrie :
— Moi aussi j'y suis allée !
Tu connais "Un jour la troupe campa" ?
— Ouiiiii !
On chante :
— Un jour la troupe campa
A-A-A.
— La pluie s'mit à tomber
B-B-B.
— L'orage a tout casseé C-C-C.
— Faillit nous inonder
A-B-C-D.
Un groupe de Japonais qu'on
dépasse nous suit pour écouter la chanson. On chante jusqu'à "Le temps est
au beau fixe X-X-X".
Le groupe nous applaudit.
Utaro nous demande :
— Vous en connaissez d'autres
?
On chante "Alouette
et Pinson", puis "En passant par la Lorraine". Les Japonais sont
ravis... À leur tour, ils chantent ! Après deux heures de marche, on s'arrête
pour se reposer un peu, boire et mettre nos vestes, car il commence à faire
frais. Nos nouveaux amis japonais continuent leur ascension, on se dit "À
tout à l'heure au sommet". Si ça se trouve, ils verront nos fesses ! On
arrive à suivre Utaro, qui est sportif. Le ménage et le sexe, ça nous a fait
des muscles. Un peu plus tard, on fait encore une pause, puis on arrive au
sommet. Enfin !
En chemin, on s'est dit : « Qu'est-ce que c'est moche !», mais tout est devenu plus beau quand il y a eu de la neige. Il fait nettement plus froid aussi. Après ces 6 ou 7 heures d’ascension, on est très fatigués. On suit Utaro jusqu'à une maison de bois au bord d'une paroi à pic. Il va trouver la patronne pour lui dire :
— On a dû retenir trois lits
au nom d'Utaro.
La femme regarde dans un livre
et répond :
— Désolé Monsieur, aucune
réservation à ce nom. D'ailleurs, nous sommes complets.
Utaro prend son téléphone et appelle.
La conversation se passe comme ça :
— Mademoiselle Yoake, c'est
Utaro. Il n'y a pas de réservation au refuge...
— ...
— Oui, mais...
— ...
— Oui, excusez-moi
Mademoiselle, je....
Il se tait car elle a
raccroché en lui coupant la parole ! Toujours aussi garce, Yoake. Il n'a pas
l'air content... Et nous ? On sera les actrices de leurs putains de caméras
cachées, non ? Il réfléchit un moment, puis il nous dit :
— Allez jouer sur la terrasse,
je dois parler à la patronne.
On fait ce qu’il dit. Cette terrasse
surplombe carrément le vide... C'est beau mais impressionnant quand on a le
vertige. On n'a pas vraiment envie de jouer et puis on n'a pas de jouets. On
admire la vue qui est très belle, il ne manque que le Fuji, au loin !!
Cinq minutes plus tard, Utaro arrive et nous annonce :
— C'est arrangé, on a un lit
dans une petite pièce.
Pour trois ? J'ai envie de bien
dormir mais la perspective d'être nue entre Nadia et Utaro me plaît aussi. Je
lui demande :
— Mademoiselle Yoake et
l'équipe ne sont pas sur le Fuji ?
— Si, mais ailleurs... On va
aller voir le coucher de soleil, et puis manger.
Après être sortis du refuge,
on marche vers l'endroit d'où on peut voir le coucher de soleil. On n'est plus
comme deux tiques sur les flans du sanglier mais comme deux biches entourant le
cerf qu'elles vont partager. Nadia, qui ose tout, lui dit :
— Dans la voiture, je me suis
endormie un court moment et j'ai rêvé que nous partions toutes les deux avec
vous.
Il rit avant de répondre :
— Qui sait ?
Bon, ça, c'est fait. À mon
tour :
— Vous connaissez Monsieur
Noguchi, Monsieur ?
— Oui, c'est un homme très
important.
— C'est vrai qu'il pourrait
reprendre certaines affaires du Prince ?
— Les filles ! On est au
sommet du mont Fuji, on est fatigués. On va admirer le coucher de soleil, puis
boire du saké et manger... Profitez du moment présent.
Nadia dit :
— Et puis ce soir, vous allez
être entre nous.
Il rit à nouveau, mais cette
fois, ne répond rien.
Nous ne sommes pas les seuls à
aller voir le coucher de soleil. Naruto achète une bouteille de saké avec trois
gobelets. Il nous entraîne vers un endroit où des gens sont assis
sur des chaises, mais il y a moyen de se placer juste devant eux, sur le bord
du plancher en bois. Un homme nous dit :
— Eh ! Vous gênez plus.
Naruto se retourne tous
muscles dehors sous sa veste, pour lui demander :
— Il y a un problème ?
— Euh... non, excusez-moi.
Voilà l'intérêt d'être avec un
homme comme Naruto. Surtout pour moi qui ai un peu peur de tout... Moins
qu'avant pourtant, la vie d'esclave m'a endurcie. On est donc assis sur un
plancher, accoudé à la barre inférieure de la balustrade, les jambes dans le
vide et on regarde le soleil rouge se coucher. D'accord, il est plus orange que
rouge, mais il me rappelle quand même le drapeau du Japon. Utaro remplit nos
verres de saké et on boit à la santé de... Nadia propose :
— La liberté.
J'ajoute :
— La liberté pour nous trois !
Utaro nous calme :
— Un peu de patience les
filles, ça va arriver un jour....
— Vous êtes sûr, Monsieur ?
— Oui.
Alors... Dès que le soleil a
disparu à l'horizon, on se lève et on quitte la plateforme. Utaro nous dit :
— Je connais un petit
restaurant... je vais appeler.
Il téléphone. Comme le froid
commence à se faire sentir, on se colle toutes les deux à lui. Il nous annonce :
— C'est OK, on y va.
Son resto est une grande
maison de bois. On entre. Derrière des comptoirs, quatre femmes servent à
manger dans des raviers en plastiques... Certains mangent assis autour de
longues tables, d'autres restent debout. C'est très, très simple comme
restaurant... Utaro dit à une des filles qui sert :
— Je vais voir Madame Matsui,
elle est prévenue.
La fille hoche la tête tout en
servant.
On passe derrière un des
comptoirs et il ouvre une porte. On se retrouve dans une grande cuisine. Deux
hommes et deux femmes d'une cinquantaine d'années préparent à manger. Ça sent
la friture... Une grosse femme vient l'embrasser, les autres lui disent bonjour
chaleureusement. Elle lui dit :
— On vous a mis là.
Elle désigne une petite table
et trois chaises dans un coin.
On va s'asseoir et elle vient
nous apporter des brochettes dans des assiettes de carton, ainsi qu'une
bouteille de vin blanc. Utaro nous dit :
— C'est de la cuisine
d'Okinawa, je suis de là et Madame Matsui aussi. Ce sont des
"kushikatsu", des brochettes de légume et de viande panées.
C'est franchement bon... Il y
a aussi des brochettes aux fruits de mer. Comme dessert, nous recevons des
raviolis "dango" tricolores, ce sont des boules rondes. Elles sont
vert pâle, rose pâle ou blanches, élastiques et sucrées. Nadia et moi, on
adore. Utaro rit en nous voyant manger de si bon appétit et il en recommande.
Qu'est-ce qu'il est gentil ! On boit du koshu, un vin blanc fruité.
Nous parlons du Japon, de ses
projets... J'en oublie le tournage de demain ! Il finit par nous annoncer :
— Les filles, on doit rentrer,
Yoake est une lève-tôt, elle risque d'avoir besoin de vous aux petites heures.
Oh, c'est déjà fini ? Utaro
paye et on sort du restaurant. Malgré le froid, on fait un petit tour pour
admirer la lune depuis le mont Fuji. Ensuite, on rentre à l'hôtel. On fait la
file pour les toilettes, puis on se couche avec Utaro entre nous. J'aimerais
beaucoup faire l'amour avec lui, mais Nadia me devance... Comme je suis très
fatiguée et bercée par le rythme des coups de reins d’Utaro, je m'endors.
***
On est réveillés par la
sonnerie du téléphone d’Utaro. Il décroche et dit :
— Bonjour Mademoiselle...
—....
— Oui, on arrive
immédiatement.
Il nous annonce :
— Faut se dépêcher, les
filles, vous la connaissez...
Oh oui... On va vite aux
toilettes. Heureusement, il n'y a pas de file. On s'habille et on se dépêche
d'aller à son hôtel. Je me doute qu'elle ne loge pas dans un refuge. On ne voit
d'abord qu'une longue construction sans étage. On entre et Yoake demande le
numéro de la chambre de Mademoiselle Yoake L. C'est le 28 au niveau moins 2. On
prend un ascenseur et on descend de deux étages. Je comprends que l'hôtel est
souterrain pour qu'il ne dépare pas le paysage. Utaro toque et entre.
Yoake est nue au milieu de sa
chambre. D'abord, je ne vois qu'elle.! Ensuite je remarque la grande baie
vitrée et la terrasse construite au-dessus du vide. Nadia et moi, on se met à
genoux, tandis qu’Utaro se plie en deux en disant :
— Bonjour Mademoiselle,
j'espère que tout s'est bien passé....
Elle répond :
— Oui, plus ou moins. Tu peux
disposer Utaro, je n'ai plus besoin de toi.
Il sort. On n'a même pas eu le
temps de le remercier. J'en ai les larmes aux yeux... Yoake nous désigne ses
pieds du doigt. On rampe à genoux pour aller lui embrasser les orteils. Elle
siffle, mais c'est un son très curieux, très aigu. On a dû lui bricoler quelque
chose dans la bouche. Au sifflement, un petit drone sort de son sac en dépliant
ses ailes. Il vient se placer à hauteur de son visage et filme tandis que Nadia et moi, on embrasse ses pieds.
Je veux Utaro ! Au bout de
quelques minutes, elle dit :
— Redressez-vous et apprenez
ça.
Elle nous tend deux feuilles.
C'est notre texte, enfin deux phrases de texte.
Toujours aussi nue, elle va
sur la terrasse avec son drone. Là, elle fait des katas, une série de mouvement
de karaté mimant un combat. Ça me fait mal aux seins de le dire, mais elle est
belle et elle fait ça vraiment bien.
Il fait tellement froid que son
souffle crée des petits nuages.
Après un quart d'heure, elle
entre dans la chambre, en sueur malgré le froid.
A suivre.
Merci à Bruce Morgan pour les super dessins.
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