655 - 52 Ecrire un livre.

      Je suis toujours dans la salle à manger, le tee-shirt contre mes seins. Madame entre dans la pièce, suivie par les femmes de la maison. Je me lève aussitôt. Elle me dit : 
     — Tu connais la position « aux ordres » ?
     — Oui Madame.
     S’en suit un petit mouvement du menton et je vais me mettre le dos contre un mur, sans le toucher, tête baissée et les mains croisées sur la chatte. Il y a plein de femmes, une grand-mère, la mère, ses sœurs, Jessica, sa sœur, ses cousines. Des femmes de 20 à 60 ans environ. Madame dit :
     — Jessy a eu une très bonne idée, elle va écrire un livre sur un mari domestique et cocu, c’est ce qui marche le mieux pour le moment.
     Une des femmes dit :
     — L’IA va faire ça en un rien de temps.  
     Madame répond :     
     — Jessy, explique.
     Je sens que je vais finir par être dans un de leur projet à la con ! Jessica me dit :
     — Tu écoutes Mila ?
     — Oui Mademoiselle.
     — Tu mens ! 
     Elle recule sa chaise, écarte les jambes et me dit :
     — Viens te mettre à genoux ici, l’odeur de ma chatte te rendra plus attentive.
     Je vais vite me mettre dans la position. L’ange va venir me sauver. Jessica joue distraitement avec mon visage : elle me pince le nez, met un doigt dans une narine et me tire les oreilles. Je gémis et lui dis :
     — Je serai attentive, je vous jure Mademoiselle.
     — Je sais, mais tu es mon jouet, non ?
     — Oui Mademoiselle.
     — Bon, reste à genoux, je continue. L’IA va faire une belle histoire dans un style impeccable. Il n’y aura ni fautes ni contresens… Tout sera logique et il y aura des rebondissements aux bons moments. Ce seront de superbes histoires, mais qui n’intéresseront pas les gens. Toi, par contre…
     Vas-y balance ton venin ! Il arrive :
     — Toi, par moment, tu écris comme un petit goret qui aurait trempé sa queue dans l’encre.
     Elle va fort, là… j’en ai les larmes aux yeux. Elle me dit :
     — Et voilà, le petit goret chiale, c’est ce que les lecteurs aiment : de l’émotion ! Tu comprends tout ce que je dis ?
     — Oui Mademoiselle.
     Madame se lève en disant :
     — On te laisse travailler, Jessy.
     On se retrouve à deux : ma tortionnaire et moi. Non, j’exagère, c’est ça les humains, ils exagèrent, ils mentent, ils… Jessy poursuit :
     — Tous soirs, je lirai ce que tu as fait et tous les matins, je te donnerai des idées. Si ce que tu as écrit ne me plaît pas…
     Grand sourire carnassier, ses dents sont pointues et très blanches au milieu de son visage brun… Elle ajoute :
     — Il y aura des sanctions.
     Je baisse la tête et réponds :
     — Oui, Mademoiselle. Je peux vous poser une question, Mademoiselle ?
     Elle hoche la tête. Je lui dis :
     — Je peux utiliser mes idées aussi ?
     — Bien sûr, je veux juste te donner des idées. Tu devras écrire au moins 2 heures le matin et 2 heures l’après-midi. Plus si tu veux. Quand tu n’as rien à faire, va dans les cuisines. Rien à voir avec l’école, ici, ce sont les femmes, les maîtresses et les hommes qui font le sale boulot… Les filles auront certainement envie de s’amuser avec toi.
     Je lui dis :
     — Je suis une femme aussi, mais je dois leur obéir ?
     Elle rit et répond :
     — Je vais te dire où est ta place. Alors, tout en haut, il y a les femmes de la famille, en dessous les servantes, puis les chiens et tout en dessous, les hommes. Toi, tu es en dessous des chiens, mais au-dessus des hommes. Cela veut dire que si tu plais à un chien, tu devras te mettre à quatre pattes et lui offrir ton beau derrière tout blanc.


     Elle sourit. Elle se fout de moi, là ? Elle ajoute :
     — Ça veut dire qu’une servante a tous les droits sur toi, sauf physiquement. Mais ne te tracasse pas tant que tu écris, les servantes et les chiens te laisseront travailler. Tu comprends tout ?
     — Oui Mademoiselle et… euh… vous n’avez jamais envie d’un homme ?
     — Bien sûr que si. Ma cousine a un club qui marche très bien. Là, les hommes ne sont pas des petits singes peureux comme les hommes de ma famille, mais des vrais mâles avec des gosses couilles et des sexes de belles dimensions. Et toi, tu veux te faire baiser par un homme ou un chien ? Ou bien tu veux baiser un homme de la maison avec un gode ceinture ?
     À cette idée, je ris un peu, la main devant la bouche, comme une Asiatique. Je lui dis :
     — C’était juste pour savoir, Mademoiselle.
     — Pense plutôt à mon livre. Alors je te dis deux ou trois choses : on ne va pas parler de matriarcat, parce que ça ne plaît pas à tout le monde. Va chercher ce clavier.
     Elle me le désigne. Je vais le chercher en me disant : je vais devoir taper sur un clavier, alors qu’il suffit de parler pour que tout se retrouve écrit. Elle me dit :
     — Tu préfères écrire à l’ancienne avec une plume d’oie et de l’encre de seiche sur un parchemin ?
     Qu’est-ce qu’elle raconte ? Je réponds :
     — Non Mademoiselle, je vais utiliser le clavier.
     Elle réfléchit et dit :
     — Je te donnerai mes premières idées quand tu viendras me réveiller. Maria te dira l’heure. Tu auras une petite pièce pour écrire et quand tu ne le feras pas, tu seras sous les ordres de Maria, la cheffe de cuisine.
     Elle ajoute :
     — Pour le moment, on va juste choisir nos noms d’auteurs… Moi, ce sera Jessica Guerrera, parce que je suis une guerrière… et toi… Mila… montre-moi ton cul.
     Je lui tourne le dos et remonte ma jupe jusqu’à la taille, je veux baisser ma culotte qui a filé entre mes fesses. Elle me pince une fesse en disant :
     — Pas la peine de l’enlever, tu seras Mila Rebotó.
     — Je ne connais pas ce mot, Mademoiselle.
     — Ça veut dire « rebondie », comme tes fesses. Ça te plaît ?
     Non, pas du tout, mais je réponds :
     — Oui, beaucoup.
     — Bon, on commence demain matin. Aujourd’hui, va dans les cuisines. Tu auras certainement des choses à faire… En même temps, trouve le titre de notre livre. 
     — Je peux interroger les filles dans la cuisine ?
     — M’en fous. Allez, file et trouve un titre, sinon, tu seras de corvée éventail.
     — Oui Mademoiselle.
     C’est facile à dire, pas d’aller dans les cuisines, mais de trouver un titre. Depuis, l’avènement des IA comme maîtres du monde, j’ai souvent été envoyée dans les cuisines et généralement, ça ne se passe pas bien. Je retourne au rez-de-chaussée et je cherche un escalier qui descend. Je trouve la cuisine et je toque. Le fils ou le neveu ouvre la porte. Madame, la cheffe de cuisine est assise avec six servantes autour d’une table. Je m’incline devant les femmes et je dis :
     — Bonjour Madame, Mesdemoiselles, je suis…
     Madame me coupe la parole :
     — On sait qui tu es, Miss fromage blanc…
     Rires… ce ne serait pas un peu raciste, ça ? Elle poursuit :
     — Mademoiselle nous a dit que tu serais notre jouet.
     Fromage blanc plus jouet, ça fait beaucoup. Je dois avoir l’air triste et désemparé, parce qu’elle me dit :
     — On joue… Déshabille-toi, qu’on voie comment tu es faite.
     Normal, j’enlève ma robe et je tiens le tee-shirt en main. La cheffe me donne un sac en disant :
     — Mets-le dans ce sac, personne n’y touchera.
     — Merci Madame.
     J’enlève ma culotte. Madame me dit :
     — Tourne-toi.
     Les filles commentent mes fesses, plutôt en les complimentant. Autour de nous, un des hommes faisant une corvée vient chercher quelque chose, personne ne s’occupe de lui et il n’ose même pas me regarder. Madame dit :
     — Qui la veut dans son lit, ce soir ?
     Une fille répond :
     — Vous, Madame.
     Les cinq autres sont d’accord. M’en fous, moi. Madame est la plus grosse mais ça ne me dérange pas et puis je terminerai ma nuit le nez dans « mon » tee-shirt. C’est peut-être l’odeur qui me donne le courage de dire :
     — Avec plaisir Madame. Vous le savez, je crois, je dois écrire un livre avec Mademoiselle Jessica. C’est l’histoire d’un homme complètement soumis à sa femme qui le trompe et le traite durement…
     Une des servantes me dit :
     — Comme ici…
     — Oui Mademoiselle
     J’ajoute :
     — Les parents du jeune homme avaient une petite société de location de vélos, mais leur comptable a vidé leurs comptes. Ils se retrouvent incapables de payer leurs créanciers. L’épouse travaille comme bonne.
     Madame et toutes les servantes ont l’air très intéressées, c’est bon signe. Je poursuis :
     — Par contre, la famille… de Madame vit dans une grande maison avec elle. Le père décide payer leurs dettes en échange d’un contrat qui en fait ses serviteurs. 
     Une fille me dit :
     — Pourquoi elle épouse ce jeune homme pauvre ?
     — Parce qu’il fait tout ce qu’elle dit et qu’elle veut un mari qui rampe à ses pieds et des amants qui l’envoient au 7e ciel. Et aussi… elle adore l’humilier, lui et ses parents, par la suite. Elle a tout ce qu’elle voulait. De plus, il s’appelle Godefroid De Cursel, qu’elle va vite transformer en Cucul.
     Les filles rient, Madame me dit :
     — Tu as a du talent.
     Les autres filles sont toutes d’accord. J’en ai les larmes aux yeux, personne ne me dit jamais que j’ai du talent. Une des servantes me caresse le bras en disant :
     — Tu es très sensible, c’est peut-être pour ça que tu as des idées.
     — Merci Mademoiselle… Maintenant je dois trouver un titre à ce livre pour demain, sinon Mademoiselle me punira.
     Elles cherchent toutes et puis une fille dit :
     — J’ai bien une idée, mais c’est peut-être trop simple.
     Madame lui dit :
     — Vas-y.
     — J’ai pensé à « Une famille de domestiques. »
     On la regarde et je lui dis :
     — Merci beaucoup, j’adore ce titre. Ce sera celui du livre, si Mademoiselle Jessica est d’accord. Je dirai que c’est vous qui l’avez trouvé. 
     Madame lui dit :
     — Je trouve aussi que c’est un bon titre, même s’il est très explicite. Tu la veux pour la nuit ?
     — Oh ! oui, Madame.

À suivre… 

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