27 - Campeuses.
Elle s'habille et elle nous dit :
— On va déjeuner.
On prend l'ascenseur pour
descendre au 3e sous-sol. Il y a un très grand restaurant avec une baie vitrée
et une terrasse. Il y a déjà du monde pour le petit déjeuner. Yoake se dirige
vers l'équipe technique, déjà installée. Ils se lèvent en la voyant, elle est
le chef. Ils la saluent, tandis qu'elle nous dit :
— Vous mangez là.
Elle nous désigne une table de
deux près de la porte des toilettes. On ne demande pas mieux. Après s’être
assises, on nous sert un petit déjeuner typiquement japonais : riz, légumes,
poissons, quelques fruits et du thé. On a faim et on mange. Je pense aux vrais
petits déjeuners : croissants au beurre, pains au chocolat, beurre, confitures
de framboise et café. Quand on a fini, on se relaie aux toilettes. Lorsque j'en
sors, un des hommes de l'équipe technique se dirige vers nous. Il nous dit :
— Mettez vos vestes les
filles, on part.
Il est tôt, mais il y a déjà
foule pour admirer le lever du soleil. On marche un peu et on arrive devant une
petite tente très moche, pas loin d'une statue de Bouddha. Autour de cette
tente, il y a des boîtes vides de bière Kirin et des papiers sales. L'homme
nous dit :
— Allez dans la tente et
mettez les vêtements qui y sont.
On met des vêtements qui puent
la bière : un pantalon et une veste en jeans, troués et sales, un tee-shirt et
des grosses chaussures. On attend... Moi avec une boule à l'estomac à cause de
la fessée à venir. Je n'aime pas me faire remarquer, mais avec les caméras
cachées, c'est pas gagné... On entend des gens parler fort près de la tente. Un
homme crie :
— Eh ! Vous, dans la tente !
On sort, il y a un groupe de
Japonais qui se mettent à parler tous en même temps. Ils nous disent qu'il est
interdit de camper sur le mont Fuji.
De plus, on est des truies parce
qu'on a jeté des boîtes de bières et des saloperies autour de la tente. Une
femme crie :
— Regarde là !
Là, il y a une merde, une
belle merde. L'homme crie à son tour :
— Saleté d'étrangères ! Vous
avez chié sur le mont Fuji, un lieu sacré !
Je réponds :
— Et toi tu ne chies jamais,
connard ? Allez tous vous faire foutre.
Nadia se retourne et montre ses
fesses en disant :
— On vous chie dessus,
bâtards !
Ce texte très classe n'est pas
de nous. Têtes des gens ! Et tout ça pour arriver à la même chose que dans le
bassin. L'homme qui crie le plus fort me prend sous son bras... Un autre
attrape Nadia. Ils tirent sur nos jeans qui ne sont pas fermés. On se retrouve
les fesses à l'air au sommet du mont Fuji. Il fait froid, mais pas pour
longtemps, hélas ! Des claques sonores viennent percuter nos fesses. Je crie :
— Vous n'avez pas... aïe !...
le droit, on déposera... aïe !... plainte...
Nadia gémit et crie aussi...
Les hommes frappent fort et je change de discours :
— Pardon... aïe !... c'est
parce qu'on a... aïe !... trop bu... aïe !... laissez-nous partir !
On reçoit au moins une
cinquantaine de claques sur les fesses... Je n'ai plus froid du tout, au
contraire, mes fesses me brûlent ! Enfin, ils nous remettent sur nos pieds, en
disant :
— Maintenant, vous allez tout
nettoyer sans remonter vos pantalons.
Les pèlerins sont devenus des
voyeurs : ils ont tous leurs téléphones en main pour nous filmer et nous
photographier ! Une femme me montre la merde en disant :
— Ramasse !
J'obéis... Elle est toute dure
à cause du froid ? Non, c'est parce qu'elle provient d'un magasin de farces et
attrapes ! C'est à ce moment que Yoake arrive avec l'équipe en s’exclamant :
— Vous avez tous été filmés
pour Channel 24 !
Le reste de l'équipe les
applaudit. Ils sont très surpris, les pèlerins devenus acteurs maintenant ! Une
femme s'écrie :
— Je m'en doutais !
Dans l'ensemble, ils ont l'air
contents de passer à la télé, à part un couple qui ne semble pas du tout
d'accord. L'homme dit :
— C'est un site sacré !
Yoake répond :
— Justement, on saura ce qui
arrive à ceux qui le profanent.
C'est n'importe quoi ! Yoake
entraîne le couple à l'écart et ils discutent un peu. À mon avis, l'argument de
Yoake doit ressembler à des yens. Elle revient près du groupe et leur dit :
— Ceux qui veulent être dans
l'émission devront signer un document pour accord et ils recevront
immédiatement une somme de 10.000 yens (environ 100 $). Ceux qui ne veulent pas
seront effacés.
Ils sont tous d'accord. Ils
donnent leur identité et signent un document. Moi, je dépose en douce la fausse
merde, mais Yoake me dit :
— Garde-la en main.
Quand on a aussi mal aux fesses,
on n'envisage pas un seul instant de ne pas obéir. Je m'approche de Nadia pour
prendre sa main. Une femme vient nous demander :
— Ça va ? Il a frappé fort ?
Toutes les deux, on se frotte
les fesses en grimaçant. La femme poursuit :
— Vous êtes payées pour faire
ça ?
Yoake, qui surveille tout,
répond :
— Ce sont des vicieuses, elles
adorent s'exhiber et se faire fesser en public. N'est-ce pas les filles ?
On répond :
— Oui, c'est vrai.
Bien sûr que non, on déteste
ça... Moi, je veux être riche et libre... Non, d'abord libre, puis riche et
avoir des amoureux et des amoureuses gentils... et je suis là, avec les fesses
aussi rouges... oui, que le drapeau japonais, et avec une merde dans la main.
Quand ils ont fini d'engager les figurants, Yoake les salue, nous aussi. Un
homme de la production nous donne deux sacs à dos, en disant :
— Vous portez ça, les filles.
Ouch ! Ils sont lourds. Les
hommes ont des sacs encore plus gros, avec du matériel. Yoake est la seule qui
a un tout petit sac avec son drone chéri, je suppose !
On quitte le Mont Fuji.. en
priant pour ne pas déraper et tomber sur nos fesses. Monter est pénible,
descendre aussi, peut-être même plus difficile... Surtout quand on a bu la
veille et qu'on a été stressée et fessée juste avant. On a mis plus de six
heures pour monter, mais descendre, je crois que ça va prendre le même temps.
Après trois heures de marche, on fait une pause. On boit de l'eau et on mange
des barres chocolatées. Nadia et moi, on s'assied l'une contre l'autre, par
terre. Aïe nos fesses ! Le chocolat et le sucre, ça fait du bien... Je dis à Nadia :
— Je dois faire pipi.
— Moi aussi.
Elle se lève et va s'incliner
devant Yoake en demandant :
— Est-ce qu'on peut faire
aller faire pipi, Mademoiselle ?
Elle réfléchit et répond :
— Mitsuko parle avec son
ours ?
— ... Euh... Oui,
Mademoiselle.
— Je veux que Cécile demande
la permission à la merde qu'elle a dans la main.
Sérieux ? Elle a un grain,
cette fille ! Elle siffle et son drone vient se positionner au-dessus de nous.
J'ouvre la main et demande :
— On peut aller faire pipi,
s'il vous plaît, Madame la merde ?
Yoake répond avec une petite voix
ridicule :
— Oui, mais là où vous êtes !
Rires de toute l'équipe.
Bah... au point où nous sommes, on s'en fout grave de montrer nos culs. On se
déculotte, on s'accroupit et on pisse. Quand on a fini, on se secoue un peu
comme font les filles qui n'ont pas de kleenex. Je me demande comment Yoake
arrive à diriger son drone... Elle doit avoir un implant. On remonte nos culottes
et nos jeans.
Yoake me dit :
— Balance cette merde.
Alors là, volontiers. On mange
encore un peu, puis on repart... C'est long et pénible... Ce n'est qu'au milieu
de l'après-midi qu'on arrive dans le parking. Un petit autocar qui nous attend. Nadia et moi, on s'assied ensemble dans le fond. J'entends un homme dire :
— On en a bien pour 2 h 30
avant d'arriver à Tokyo.
Bon, on va à Tokyo... Je dis à Nadia :
— J'ai trop envie de voir
Tokyo. Dis, tu veux pas demander à Yoake si on pourra visiter ?
— Pourquoi tu ne lui demandes
pas toi-même ?
— J'ose pas... allez...
steuplééé !
Elle se lève et va s'incliner
devant Yoake, qui la laisse un moment comme ça, avant de lui dire :
— Quoi ?
— Cécile et moi, on rêve de
visiter Tokyo, ne fut-ce qu'un petit moment.
Elle réfléchit, puis répond :
— La tente, ça s'est bien
passé.... vous pourrez faire un tour demain matin.
— Merci beaucoup Mademoiselle.
YES ! Elle a réussi.
Yoake ajoute :
— Et si vous voulez un peu
d'argent, allez vendre vos culottes. Mais gardez-les toute la nuit, vous les
vendrez plus cher.
Les gens de l'équipe rient
complaisamment. Je me souviens avoir vu, dans un documentaire sur le Japon, des
magasins qui vendaient des vêtements, des tenues sexy et des culottes portées.
Elles étaient présentées dans des boîtes avec la photo de la propriétaire. Il
paraît que beaucoup de filles font ça pour avoir un peu plus d'argent de poche. Nadia revient s'asseoir à côté de moi. Je lui glisse à l'oreille :
— Super, on le fait ?
— Bien sûr.
A suivre.
Merci à Bruce Morgan pour les super dessins.
Nos livres sont ici :
https://www.lamusardine.com/recherche?s=mia+michael&controller=search
très joli
RépondreSupprimermerci c'est très gentil....
Supprimer