37 - Un tas de bonnets.

 Je pense que c'est une bonne chose que Nadia soit notre chef. Lui obéir, je le faisais déjà, mais c'est mon amie, malgré tout. 

L'organisation est semblable à celle du château. On va d'abord sur les seaux, puis les filles mettent les pantalons des kimonos blancs... ainsi qu'un genre de corsage qui couvre les seins mais laisse le dos nu. Sur le tee-shirt il est écrit « servante ». Elles doivent remonter les jambes du pantalon jusqu'au-dessus des genoux. Je demande à Nadia :
— Je remets mes vêtements, Mademoiselle ?
— Non, reste comme ça. On en trouvera tout à l'heure.
Avoir vécu tellement de choses depuis que je suis au Japon ne m'empêche pas de me sentir gênée d'être nue parmi toutes ces filles habillées. On ne prend pas de douche, nous sommes des servantes. On va dans un grand réfectoire. Toutes les filles sont silencieuses. Les badines que les gardes et Nadia ont à la ceinture sont  fortement dissuasives. On fait la file pour recevoir une espèce de porridge bien collant et une tasse de thé. Je cherche Nadia des yeux, elle discute et rit avec les gardes.
Ce porridge collant, je déteste, mais je sais qu'il faut tout finir. Quand on a toutes terminé, Nadia et les gardes désignent des filles pour des corvées variées. Beaucoup doivent promener les visiteurs en pousse-pousse.
Nadia parle tout en me regardant. Elle me fait signe et je le rejoins. Elle dit à une autre fille :
— Viens aussi. Le garde va vous dire ce que vous avez à faire.
On quitte le réfectoire pour aller dans le lavoir. Il est beaucoup plus moderne que la rivière dans laquelle on devait faire la lessive au château. Les filles s'inclinent toutes devant le garde. Il dit à une fille :
— Trouve-moi un pantalon et un dessus pour cette fille.
— Oui Monsieur.
Elle fouille dans un gros tas de vêtements sales et elle en sort un pantalon de toile, que je dois mettre et serrer au-dessus du genou. Elle me donne aussi un corsage blanc sans manche qui se noue autour du cou et laisse le dos nu. Pour terminer, elle va chercher une vieille paire de sandales. Les vêtements portés par une autre, j'ai l'habitude.
On va ensuite dans une remise dans laquelle il y a des pousse-pousse. Des filles en sortent en courant entre les montants, elles vont promener les visiteurs fatigués ou paresseux. On suit le garde jusqu'à deux pousse-pousse dans lesquels se trouvent un escabeau et une masse de bonnets ! Le garde nous dit :
— Suivez-moi en tirant chacune un pousse-pousse.
On arrive au bas d'une très grande allée. Des deux côtés, il y a des dizaines de statues, principalement de Bouddha, alignées sagement... fatalement. 

Le garde nous dit :
— Vous devez enlever les bonnets et les remplacer par des propres. Si vous n'y arrivez pas, prenez l'escabeau. Avant et après, vous devez saluer la statue.
Il me regarde et ajoute :
— Toi, tu prends la file de droite. C'est compris ?
— Oui Monsieur.
— Montre-moi.
Des visiteurs se sont arrêtés pour regarder le spectacle. Je gare mon véhicule sur le côté, je prends un bonnet, salue la statue, puis je monte sur le socle en prenant appui sur la statue. Le garde crie :
— Non, tu ne dois pas empoigner la statue, stupide ! C'est Bouddha, il est sacré.
Ouais, c'est ça. Je prends l'escabeau pour l'installer devant la statue. Je salue le sacré Bouddha ou l'inverse, je grimpe sur l'escabeau, j'enlève le bonnet sale et lui en colle un propre sur la tête. Tu parles d'un boulot de con. Oui, je sais, je ne suis pas très respectueuse, mais je trouve ça vraiment bête de mettre des bonnets à des statues. L'autre fille a déjà fini... Je salue Bouddha, mets le bonnet sale dans un sac et passe au suivant. Le garde me dit :
— Tu dois tout faire avec respect.
— Oui Monsieur.
Il s'en va... Bon, je passe au suivant. C'est un petit, pas besoin d'escabeau. Après cinq ou six échanges de bonnets, des Américains me demandent :
— On peut te prendre en photos ?
— Oui Monsieur, bien sûr.
On n'arrête pas de me mitrailler. Je fais le changement de bonnet avec grâce. Puis, deux jeunes qui les accompagnent font des selfies avec moi. Il est écrit « servante » en grand sur mon corsage, normal que j'essaie de satisfaire les visiteurs. Je fais encore des selfies avec d'autres personnes, puis j'ai un accident d'escabeau : il glisse et je me retrouve par terre. Un jeune homme vient m'aider à me relever. Il est gentil et pas mal du tout, il veut aussi un selfie avec moi.... et là, j'entends en français :
— Putain de bordel de stupide bonniche !!
Ouch ! C'est Nadia et elle n’est pas contente ! J'ai encore droit à quelques noms d'oiseaux, puis elle me dit :
— Regarde où est l'autre fille !!
Oh ! Elle est tout au bout de la rangée. Je réponds :
— On ne m'a pas dit de ne pas répondre aux gens, Mademoiselle.
— Je te donne un boulot, que tu devrais être capable de faire avec ton QI de moineau et tu arrives à foirer le truc !
— Pardon, je...
— Mets-toi à quatre pattes !
— Nadia, je t'en prie !
Elle crie en japonais :
— À QUATRE PATTES !
Merde, merde et merde !!! J'obéis... elle va me fouetter. Bouddha, pardon pour le manque de respect ! Elle descend mon pantalon, je n'ai rien en dessous. Je suis là les fesses en l'air devant les visiteurs et les statues de Bouddha. Et ça, c'est respectueux ?
— AAAAÏÏÏEEEE !!
Elle vient de me frapper avec sa badine. Une barre de feu me traverse les fesses. Je crie :
— Je ne... aaaaïïïïeeee !
— Pitié, je... aïïïïeee !
Sa badine continue de claquer sur mes fesses !
— Aaaaïïïïeee, je ferai...!
— Aaaaaaïïïïeeee !
J'entends rire des visiteurs et d'autres l'encourager, sales bâtards !!!
— Aïïïïeee !!!!
Je dois faire un effort terrible pour rester en position. Enfin, elle s'arrête pour me dire :
— Je crois que tu as compris !
— Ouiiiiiii.... Mademoiselle...
— À la prochaine connerie, tu seras vraiment punie.
Elle s'en va. Je remonte mon pantalon et je frotte précautionneusement mes fesses. Les visiteurs qui ont ri s'en vont, les autres essaient de me consoler. Une fille me demande :
— C'est quoi, cette marque sur ta fesse ?
— Une marque au fer rouge. Pardon, Mademoiselle, mais je dois continuer.
En pleurant, je tire mon pousse-pousse jusqu'à la statue suivante. Je m'incline devant elle cette fois-ci, et avec respect ! Mes fesses douloureuses me rappellent une bonne leçon : faut pas faire la mariole chez le Prince. En ce qui me concerne, en tout cas, parce que Nadia fait n'importe quoi et elle est largement récompensée. J'essaie de rattraper la fille qui est dans l'autre rangée, pas facile avec les fesses en feu. Je change des milliers de bonnets, j'exagère, mais c'est l'impression que ça me donne... Un garde arrive et il me dit :
— Viens avec moi.
— Oui Monsieur.
Un peu plus loin sur la route, il me désigne une grande flaque de vomi, en disant :
— Un gosse a été malade. Voilà un seau d'eau, du papier ménage et un linge, nettoie tout.
Quelle horreur ! Comment un gosse a-t-il pu vomir tout ça ! L'odeur sûre me donne également envie de vomir. Je lui dis :
— Mais Monsieur, il me faudrait...
— S'il en reste, tu le lécheras.
Hier, on a vu un garde presque humain mais celui-ci, c'est vraiment une horreur, une affreuse tête avec des cicatrices. Il s'en va... Retourne en enfer, affreux.
Comment faire ? Je ne peux pas frotter tout ça avec des bonnets, j'ai vu ce que les statues de Bouddha étaient capables de faire, si on ne les respectait pas. Un peu plus loin, il y a une poubelle. Je prends un sac en fibre naturelle et un carton.
Évidemment, des visiteurs m'entourent, sales vautours ! Ils vont me photographier et me filmer occupée à nettoyer cette flaque dégoûtante. Ils vont montrer ça à leurs amis en disant :
— Regardez comme c'est amusant !
Je me mets à genoux et je racle avec le carton pour faire entrer le vomi dans le sac... Quand j'ai tout ramassé, je jette le sac dans la poubelle. Ensuite, je mouille du papier de ménage et je nettoie tout soigneusement. Quand j'ai fini, le garde arrive. Il devait me guetter dans un coin. Je m'incline en disant :
— J'ai nettoyé le mieux possible.
Du bout du pied, il me montre un endroit propre en disant :
— Lèche.
Je me mets à quatre pattes et je lèche... avec un immense dégoût, même si c'est propre. 

Les hyènes qui... non, je veux dire les visiteurs qui nous entourent sont ravis. Ils applaudissent le garde, je suis même sûre que l'un d'eux lui file un billet. Il me fait encore lécher le sol à trois reprises et je finis par avoir un affreux goût en bouche. Le garde me dit :
— Assez joué, continue ta corvée.
Je me relève et m'incline en disant :
— Oui Monsieur.
Casse-toi les deux jambes, affreux ! Je recommence à changer les bonnets et je dis à un Bouddha :
— J'ai bien compris la leçon.
 
 A suivre.

Un grand merci à Bruce Morgan, pour les super dessins.

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