42 - Mise en forme.

La serveuse vient parler avec Lian et Noriko. Mitsuko et moi, on a l'impression d'être de trop. C’est le cas et Lian nous dit :
— Vous voyez ces balançoires ? Allez jouer.
On se lève, on salue et on s'en va... loin, très loin !! Non, on attend plutôt qu'une de ces balançoires se libère. Mitsuko me dit :
— Excuse-moi pour ce matin d'avoir fait alliance avec Noriko contre toi, mais on est de la même ville et puis tu sais, les choses ont tellement changé pour moi : j'étais une vedette et maintenant, je suis à la botte de cette...
Elle n’a pas besoin d’ajouter salope, folle ou psychopathe, j'ai compris. Je réponds :
— T'en fais pas, j'aurais fait la même chose.
Je comprends son désarroi. Mitsuko prend ma main et la serre. On signe un pacte qui durera... le temps qu’il durera.
Une mère appelle deux petites filles qui se balancent :
— Venez manger une glace.
C'est magique, les filles descendent des balançoires. Je voudrais aller avec elles... Mitsuko me dit :
— On va sur les balançoires, sinon elle pourrait en profiter pour nous punir.
Elle a raison... On va s'asseoir et on se balance mollement, jusqu'à ce qu'un garde vienne nous dire :
— Eh ! Vous deux, les balançoires sont pour les enfants... Vous n'avez pas de corvées à faire ?
Mitsuko répond :
— Mademoiselle Lian, qui est sur la terrasse, nous a dit de nous asseoir dessus et on n'ose pas lui désobéir.


Il va parler avec Lian et revient vers nous quelques minutes plus tard, en disant :
— Vous pouvez continuer.
Tu m'étonnes ! Lian est trop coriace pour lui. Je me demande si elle appartient aussi au Prince... Des enfants attendent nos balançoires, on leur laisse, on verra bien... Dix minutes plus tard, Lian et Noriko se lèvent. Lian nous dit :
— On rentre.
Oui, mais en courant. On parvient à la suivre, mais on arrive à la salle de danse à bout de souffle. Lian nous donne une bouteille d'eau. Quand on a bu toutes les deux, elle nous demande :
— Qui de vous deux est capable de faire le pont ?
Bêtement, on lève le doigt ensemble. Elle poursuit :
— Montrez.
On fait le pont toutes les deux. Elle dit :
— Bien... enlevez vos kimonos et faites le grand écart.
On les enlève, nues, on est luisante de sueur et on sent la biche qui a couru. On parvient à le faire, mais pas de face.
— Maintenant, levez la jambe comme si vous dansiez le "french cancan" et je vous conseille de forcer un peu, sinon Noriko va s'occuper de vos fesses.
On lève la jambe bien haut, toutes les deux. Nos chattes doivent faire la moue... Elle dit à Noriko :
— Déshabille-toi et montre-leur ce que tu sais faire.
Noriko enchaîne une série de figures au sol. Une seule explication : elle fait de la gymnastique acrobatique depuis ses 8 ans... Nous, pas. Lian nous dit :
— Noriko va vous apprendre. Un professeur viendra pour le chant et ce sera moi pour la danse. On a trois semaines pour vous transformer en Tokyo Virgin Idols, autrement dit TiViAïe.
C'est la façon de prononcer ces lettres en anglais, et je crains que « Aïe », on le dise souvent !
***
Les trois semaines qui vont suivre sont dignes d'un entraînement, genre commando, mais avec des punitions corporelles en plus. On va prendre des coups de badine sur les fesses, les cuisses, les mollets et même la plante des pieds et la paume des mains. Que ce soit en danse, en chant ou en mouvement de gymnastique au sol, le moindre faux pas, la moindre fausse note sont sanctionnés par des coups de badine. Noriko n'en recevra qu'une seule fois, mais je pense que c'était une querelle d'amoureuses, parce que Lian et elle nous jouent Roméo et Juliette, style BDSM ! Noriko encaisse en geignant un minimum, par contre Mitsuko et moi, on gémit, on pleure, on supplie, on rampe... Autant essayer d'attendrir une des statues du Parc, et je ne parle pas des Bouddhas que je prie chaque fois qu'on coure entre leurs rangées.
En trois semaines, on se transforme de gamines pleurnicheuses et peu en forme en gamines toujours aussi geigneuses, mais en pleine forme. On a aussi appris à obéir au doigt et à l'œil à Lian et Noriko. Mais dans mon cas, j'avais déjà été suffisamment dressée au château, au cours de ces quelques mois au Japon. J'obéissais à n'importe quel ordre.
Pour Mitsuko, ça a été beaucoup plus dur. Elle avait déjà du succès avant de déplaire au Prince. Elle avait même une belle maison à sa disposition et des domestiques, dont moi, au moment du tournage dans les sources chaudes.
Aujourd'hui, Lian nous annonce enfin :
— On a terminé l'instruction. Les Tokyo Idols vont commencer à exister sur le Net.
Noriko est au courant, bien sûr, puisqu'elles dorment ensemble. Mitsuko et moi, on ne bronche pas... ou plutôt, on n'ose rien dire. Lian ajoute :
— Et alors, vous n'êtes pas contentes ?
On fait vite un grand sourire. Noriko soupire, mécontente :
— Vous pourriez remercier Mademoiselle Lian ! Vous êtes des petites ingrates, j'ai bien envie de vous punir.
Aussitôt, Mitsuko lui dit :
— On ne sait pas ce qui nous attend et...
Je poursuis :
— ... et on a peur de ne pas dire ce qu'il faut.
Lian répond :
— Montrez-moi une marque ou une cicatrice.
On a effectivement des marques rouges sur les fesses, mais pas de cicatrices, bien sûr. Je prends mon courage à deux mains pour lui dire :
— On est très contentes, Mademoiselle, et on continuera de faire exactement ce que vous dites... On aimerait juste avoir un tout petit peu de liberté.
— Accordé ! Deux heures de liberté par jour, variables d'après le planning.
Alors là, je suis sur le cul et il est douloureux. Elle se fout de nous ? On la remercie pour de vrai et en souriant vraiment. On lui embrasserait bien les mains ou les pieds ou ce qu'elle veut... Elle nous dit :
— Vous pouvez vous balader jusqu'à midi.
On remercie à nouveau, on salue et on se tire... vite et loin... genre Venice, en Californie. En vrai, nous sommes trop contentes de quitter cette salle de danse, on y a assez souffert. Dehors Mitsuko me dit :
— J'ai du mal à le croire.
— Moi aussi... qu'est-ce qu'on fait ?
— On va boire un verre ?
— Oh oui et manger une glace !
— Oui...
Mais où ? On réfléchit... Je lui demande :
— Si on allait sur la terrasse, d'où on voit la mer ?
— C'est loin... ou alors il faudrait courir !
On rit toutes les deux et ça faisait très longtemps que ça ne nous était plus arrivé. On en a plein les bottes des joggings matinaux ! Mitsuko me dit :
— On pourrait aller dans le petit café à l'entrée du domaine, la serveuse connaît bien Lian.
— Bonne idée.
On prend l'allée aux Bouddhas sans courir, mais on marche vite sans effort. On se sent libres, même si ce n'est qu'une illusion. On arrive au café et heureusement, c'est la copine de Lian qui sert. On la salue et elle nous dit :
— Tiens, qui voilà ! Les futures Idols....
Mitsuko répond :
— Oui Mademoiselle. C'est la première fois que Mademoiselle Lian nous laisse un peu de liberté.
— Et...
— On aimerait tellement boire une bière et manger une glace, mais on n'a pas d'argent...
On la regarde toutes les deux en faisant les tout grands yeux suppliants, comme dans les dessins animés. Supplier, c'est notre seule monnaie d'échange et comme les coups de badine nous ont débarrassées du peu fierté qui nous restait... Elle nous regarde, amusée, avant de nous dire :
— Vous me paierez quand vous serez célèbres, ce qui risque vraiment d'arriver. J'apporte les bières et les glaces sont là, servez-vous.
— Merci beaucoup !
On va choisir deux glaces, vanille chocolat pour Mitsuko et framboise pour moi. On va s'asseoir et la serveuse apporte des bières... D'accord, ça ne va pas bien avec les glaces, mais on a trop envie des deux. On suce nos glaces avec des lys. Je veux dire... délices. Je recommence à penser à des bêtises, c’est signe que je me sens un peu mieux. La serveuse nous demande :
— Elle a été vache avec vous, Lian ?
Toutes les deux, on hoche frénétiquement la tête. Mitsuko lui répond :
— On recevait des coups de badine tous les jours et parfois deux fois par jour.
La serveuse dit :
— Elle est dure, mais je suis sûre que ça vous aidera... et puis elle a des comptes à rendre, elle aussi.
Des clients arrivent et elle va les servir.
Mitsuko me parle de sa vie quand elle était Idol... La vie qu'on aura peut-être. Les voyages, les possibilités de s'évader... Le temps passe trop vite, on ne veut surtout pas être en retard... On remercie beaucoup la serveuse. Elle nous embrasse... ça aussi, ça faisait super longtemps que ce n'était plus arrivé.
On retourne à la salle de danse... en flânant. On se tient par la taille, on est presque devenues de vraies amies... Même si on sait bien qu'on obéira d'abord à Lian ou Noriko ou aux gardes.
A suivre.

Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

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