Lizy 27 - Sur le grill.

Zep va dans la mer assez loin et retire une corde d’un piquet qu'on voit à peine dépasser. Il fait la même chose avec un autre piquet qui se trouve assez loin en face, puis il revient en tirant quelque chose derrière lui. Quand il arrive sur la plage je vois que c’est une longue corde avec d’autres plus fines tous les mètres et… il y a des poissons ! Ils frétillent et brillent sous la lumière du soleil. 
Il me montre comment décrocher les poissons sans s’enfoncer l’hameçon dans le pouce. Je reconnais déjà certains poissons : cabillaud, plie, merlan… Il me dit tous les noms… On en a bien une bonne vingtaine. Il les met dans un sac. Ensuite, il ouvre une boîte en bois qui contient des gros vers rougeâtres. Il me montre comment les mettre à l’hameçon. Je suis un peu dégoûtée, mais je le fais comme lui.
Quand tous les hameçons sont garnis, il va remettre la ligne sur ses deux piquets. Ensuite, il va détacher une autre corde, on enlève les poissons et on remet des vers. C’est vraiment bien de pêcher comme ça. Il se rhabille, puis… il me prend dans ses bras et il m’embrasse. Il me dit :
— Ce soir, on va minger l’poisson qu’on a pêché.
Je comprends ! Il met son sac sur l’épaule en disant :
— Maintenant, on rent’e al’ maison.
Je répète...
— Mai-son.
On reprend le chemin à travers les dunes, j’apprends les mots mouette, mouche, fourmis, rose et pas mal d’autres. La route est longue et je suis fatiguée. J’ai du mal à le suivre. Il m’attend et dit :
— J’vas t’porter.
Il s’accroupit, prend une de mes jambes et la met sur son épaule… Oh ! Je me tiens solidement à son cou et je passe l’autre jambe sur son autre épaule. Ensuite, il se relève. Qu’est-ce qu’il est costaud ! Il a toujours son sac avec les poissons. Je suis bien là-haut. Les poils de ma chatte lui caressent la nuque. Je lui dis en français :
— Mer-ci Zep.




Quand on arrive près de la maison, il me dépose par terre et il me dit :
— Porte le sac.
Je le mets sur mon épaule. Qu’il est lourd. Je comprends pourquoi il fait ça. En arrivant, il dit :
— Alle m’a bin aidé, on a plein d’poissons.
Il y a des deux hommes et une femme en plus. Ils ressemblent aux parents de Zep. Deux hommes costauds et une femme un peu plus jeune. Zep va serrer la main aux hommes et embrasser la femme sur les joues. Les nouveaux venus me regardent et moi, bêtement, je fais une révérence. Pourquoi je fais ça ? Je crois que je suis encore sur le bateau ? C’est la fatigue et puis, j'ai trop bu. En me voyant faire une révérence, ils sont... comment ils diraient, eux ? Ah oui, « ils sont su’ l’cul ». Rose montre le sol devant elle et dit :
— Vins m’en faire une.
Je vais lui faire une révérence et qui sait, elle sera peut-être moins jalouse. On dirait, sauf qu’elle me dit :
— Teu m’fras ça chaque fois.
Je réponds en français :
— Oui Rose.
Elle rectifie :
— Oui m’selle Rose.
Je répète. Zep intervient :
— Assez joué, Rose vint voir eul' poissons.
Il a ouvert le sac de jute et étalé les poissons… Dans un coin du terrain, il y a un solide grillage avec quatre tiges de fer pour le maintenir au-dessus d’un feu… Les braises sont bien rouges. Le père dit aux nouveaux venus :
— Vous mingez un bout avec nous ? Y a assez… et y a du vin.
Ils acceptent avec plaisir. Je suis attentive à toutes les mimiques et les signes qu’ils font et ça me permet de comprendre plus ou moins... La mère prend une série de poissons et elle les met sur la grille… Ils grésillent et ça sent bon, vingt djiu, comme ils disent. Les hommes amènent la table et les bancs dehors. Il fait doux. Ils ne mettent que deux bougies sur la table. Rose apporte des assiettes dépareillées et des fourchettes. La mère apporte un petit pot en me disant :
— Rgad’ c’est rare.
Ça a l’air d’être du sel… rare ? Sans doute, ici, pas en Angleterre. Le père va chercher plusieurs pichets de vin. Le pépé s’occupe des poissons et les retourne, pour les cuire. On va faire la file avec notre assiette. Moi, je colle Zep. Le pépé me donne deux beaux poissons, des merlans, je crois. On va s’asseoir et on mange, d’abord avec la fourchette puis avec les doigts. Le poisson grillé, c’est délicieux. Les pichets passent de main en main et on boit tous dans le même. Le vin pique un peu, mais ça me fait du bien… 
Comme dessert, il y a des pommes, des myrtilles et des mûres… C’est vraiment très simple mais très bon… Chaque fois que le pichet arrive chez moi, je bois et j’ai bientôt la tête qui tourne. La nuit tombe, je ne suis plus du tout capable de suivre les conversations et je pose la tête sur l’épaule de Zep… Je suis épuisée et j’ai trop bu… Malgré les conversations et les rires, je m’endors à moitié. Je sens que Zep me prend dans ses bras. Je me réveille quand on est derrière le buisson feuillu. Il remonte ma jupe et il me prend sous les genoux comme un enfant en disant :
— Pipi.
Oui, p’pa… je fais pipi. Il me reprend dans ses bras et il va me déposer sur un matelas dans la grande pièce. Je murmure en français :
— Mer-ci Zep.
J’ai la tête qui tourne, mais je m’endors tout de suite.
***
Le lendemain matin, je me réveille nue avec Zep d’un côté et Rose de l’autre. On a dormi à trois. Rose ouvre les yeux. Il faut que j’en fasse une amie. Je lui dis :
— B’jour M’selle Rose.
Ensuite, je tire la langue et montre sa chatte du doigt. Zep lui dit :
— T’veux qu’à t’bouffe la chatte ?
— À fait ça ?
— Ouais, les Inglaises font ça.
Elle me dit :
— Vas-y p’tite.
Je vais en faire une amie... Enfin, j’espère. Je me glisse entre ses jambes et j’arrive dans les hautes herbes de sa chatte qui ont une forte odeur de marée. J’y vais la langue la première… Elle dit :
— Vingt d’jiu a m ‘lèche la moule. Oh p’tain, c’est dingue…
Zep lui dit :
— T’aimes ?
— Oh oui… alle veut se faire bien voir, et là, c’est réussi… Lèche bien p’tite…
Elle me caresse la tête avec la main et le dos avec le pied. Je fais la toilette complète de sa chatte, puis je lèche et je suce son petit bouton. Elle aime, le dit, pour autant que je comprenne. Les roucoulements, ça, je comprends. C’est sans doute la première fois qu’on lui lèche la chatte. Ici, ils ont l’air de pratiquer la levrette et c’est tout… Faut dire que l’hygiène n’est pas leur principale préoccupation… Elle se cambre  et crie :
— Ah vingt d’jiu…
Le reste de la famille s’est levé pour regarder et j’entends des rires et des applaudissements. Son père lui demande :
— T’as pris ton pied, ch’tite ?
— Oh oui l‘Inglaise m’a bouffé la chatte, c’est trop bon.
La mère dit :
— D’main, ce sera mon tour. Maint’nant, faut aller aux moules.
Mais je viens des moules, enfin d’une moule. Je me redresse le visage humide… et on se lève tous. Rose me dit :
— Kès tu dois m’faire ?
Je regarde Zep… Il se plie sur une jambe. Ah oui, je fais une révérence en disant en français.
— Bon-jour M’selle rose.
Elle répond :
— T’es trop meugnonne.
Et elle m’embrasse sur la bouche… Ça y est, on est amies. Elle rit et dit :
— C’est comme si j’m’inbrassais la chatte.
Ça fait rire tout le monde, chouette ambiance.
Première chose, la queue devant les latrines, enfin devant le trou. La mère et Rose s’accroupissent ensemble. Ouais… Lécher une chatte, ça va, mais faire mes besoins en public, c’est limite gênant… Passons… Ensuite on s’installe dehors pour le petit déjeuner… Il y a des restes de poissons d’hier, des biscuits à mettre à tremper, des fruits et du vin ou de l’eau. La mère dit :
— Trop tard pou‘ l’café.
Les sacs de moules et de coquillages ne sont plus là. Je comprends que les gens d’hier doivent les vendre sur un marché ce matin.
Quand on a mangé, on part tous vers la plage, sauf le pépé qui garde la maison. Je marche à côté de Zep, il me dit :
— C’tait bien c’que t’as fait à Rose.
Je pose la main sur son sexe, ce qui veut dire « j’te suce quand t’veux »
On arrive sur la plage sous le soleil. Je ne sais pas comment ils font en hiver mais ça doit être vraiment pénible. De plus, on a de la chance que pour le moment, il y a une marée basse le matin et une autre le soir. Avec une pelle, le père et Rose cherchent des coquillages. Zep doit remonter les lignes dormantes. Il se déshabille, moi aussi… Rose me dit :
— L’a eune belle bite, hein mon frérot !
Je hoche la tête… c’est vrai. Il me montre les piquets en disant :
— On print chacun un piquet.
On est comme Adam et Ève. On entre dans l’eau… Qu’elle est froide ! On défait ensemble la corde des deux piquets et on la ramène sur la plage. Il y a beaucoup de poissons sur les cordes plus petites. Quand on a mis tous les poissons dans un sac en jute, Zep crie :
— Pa' amène des vers !
Il arrive avec une boîte en bois. Il cherchait des vers. On les accroche aux hameçons. Quand on a fini, on replace la ligne, puis on ramène l’autre. Je vois qu’on a attrapé un petit requin. Je fais signe à Zep qu’il pourrait nous mordre. Il ouvre la bouche du requin et me montre qu’il n’a pas de dents, enfin si, mais pas pointues. Il me dit :
— L’a des dints plates, y bouffe des coquillages et des crapes.
Je montre ma bouche. Il dit :
— Oui, on les minge.
Quand on s’est occupé des lignes, il me dit :
— Vins, on va aider Rose. 

À suivre.

Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

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