540 - 45 En mer, à nouveau.

Je crois aussi que si on est vingt à tirer, ce sera beaucoup plus facile, mais je n’ose rien dire. On reste encore un peu, on boit…et on se repose… Une fille repère un gros buisson de framboises. Elle demande à un soldat :

— Monsieur, on peut manger de framboises, s’il vous plait ?
Il regarde vers la charrette. A nouveau le peintre parle avec l’officier a tout entendu. Il dit :
— Oui, vous pouvez en manger les filles
On va aussitôt cueillir et manger des framboises, on dirait une volée de moineaux qui a repéré du fumier de cheval encore plein de graines. C’est bon c’est sucré… je parle des framboises, pas de la nourriture des moineaux. On a les lèvres barbouillées de jus rouge. Quelques filles et moi, on remercie celle qui a repéré le buisson. Hélas, un soldat vient nous dire :
— On repart deux rangées par corde.
Il a un fouet, c’est le genre d’accessoire qui fait qu’on obéit très vite. On va prendre les cordes et on se met les unes à côté des autres. Le cocher n’a plus son fouet, alors il crie :
— HUE  !!!
On tire… c’est dur, mais nettement moins que tout à l’heure. Dès qu’on est sur la route, l’officier crie :
— Plus vite !
Aussitôt, les soldats nous donnent des coups de fouet sur les cuisses et les fesses, quand ils arrivent à les atteindre. On crie et on va plus vite. On traverse un village, les bouseux du coin ont l’impression de rêver en voyant une vingtaine de filles enchaînées tirant une grande charrette où se trouvent quatre hommes. De plus, les filles sont stimulées par des soldats qui les fouettent. On est l’attraction de l’année. Pour nous c’est plutôt un cauchemar.
On va vite, c’est vrai et en fin d’après-midi, on arrive dans un petit port. J’entends une fille dire :
— C’est Honfleur. 
On ne va pas dans une ferme mais dans un grand hangar qui contient des petits bateaux et des filets de pêche. Un des soldats nous enlève nos chaînes. Enfin libre… seulement pour la soirée et la nuit. Je me mets contre Ariane et je lui dis :
— Tu as des projets, hein ?
— Oui petite sotte, pour nous deux. J’aurai toujours besoin d’une femme de chambre.
Je prends ma courte chemise et je la soulève pour faire une révérence en disant
— Je suis à votre service, Madame.
Elle rit… C’était le but… Dans ce hangar, nos odeurs de sueur se mêlent à celles de la mer et du poisson. Des soldats arrivent avec des poissons plats séchés et des jarres d’eau. On mange, c'est salé, mais bon… On a toutes vraiment faim. On a aussi des pommes, et des seaux pour faire pipi. Le jour baisse et il n’y a pas de bougies. Oh ! Je ne vois plus Ariane. Je crie :
— Ariaaaane !
Une fille répond :
— Y a la petite qui a perdu sa maman.
Ça fait rire les filles. Elles sont bêtes. Ariane me dit :
— Je suis ici, tu ne sens pas mon odeur ?
Nouveaux rires. Je la retrouve… ouf… elles peuvent se moquer de moi, je m’en fous. Ariane s’en sortira et elle me tiendra la main.
***
Je dors bien, malgré tout… Il faut dire qu'avec l’exercice qu’on fait tous les jours... Le lendemain, pipi, petit déjeuner, feuillées… Et puis on est enchaînées à nouveau et on embarque sur un gros bateau de pêche, le genre qui doit aller chercher les morues en mer d’Islande… On est toujours en chemise et les pêcheurs se relaient pour nous caresser les fesses. Il n’y a plus que le peintre avec nous. Une fille lui dit :
— Vous nous accompagnez, Monsieur ?
— Oui, jusqu’en Guadeloupe.
Bravo la fille, grâce à toi, on sait où on va. Ariane dit :
— C’est la seule colonie à encore pratiquer l’esclavage. 
Comment elle sait tout ça, elle ? On se dirige vers un grand navire. Des gens sont sur le pont et ils nous regardent arriver. Le peintre dit :
— La mer est calme, heureusement.
Le bateau de pêche se met au plus près du navire. On nous descend une échelle de corde et on monte à bord. Heureusement qu’on nous a enlevé les chaînes, sinon  ça n’aurait pas été possible.
Je suis à nouveau sur un grand navire. Ariane est près de moi, heureusement. Nous sommes des prostituées et on va traverser l’océan Atlantique pour être vendues comme esclave en Guadeloupe. C’est dur d’imaginer ça. Ariane me dit :
— Las passagers sont des colons qui sont venus régler des affaires en France et d’autres qui vont s’y installer.
Ariane sait tout. Le peintre dessine à toute allure… On est toutes sur le pont, entourées des passagers. Certains sont accompagnés d’une esclave noire. Même le capitaine est là. Il parle avec une jolie femme vêtue d’une belle robe. Ce qui est surprenant, c’est qu’elle n’est pas Blanche, ça doit être une indigène de la Guadeloupe. Elle ressemble un peu aux Indiennes de Madras avec la peau colorée, des cheveux et des yeux très noirs. Elle est accompagnée d’un grand type costaud, vêtu de culottes noires et d’une chemise blanche. C’est sans doute son garde du corps. Les autres passagers attendent qu’elle choisisse la première.
Le Capitaine lui demande :
— Une fille vous plaît, Madame ?
— Oui, peut-être… Je regrette qu’il n’y ait pas d’Africaines.
— Désolé, mais si vous en voulez, on fera escale en Afrique. Vous pourrez en acheter.
Ben voyons… Les esclaves sont des marchandises. On passe acheter quelques Africaines, comme on passe au marché, acheter un kilo de pommes. Tout ça alors que l’esclavage est soi-disant aboli. Elle répond :
— Oui, je verrai.
Elle se tourne vers son garde du corps et lui dit :
— Qu’est-ce que tu penses de ces filles, Carl ? 

Il ne répond rien. Pas très stylé, le garde du corps. Il nous examine, vérifie la fermeté des seins et des fesses. On doit même montrer nos dents. Il a l’air intéressé par nos marques au fer rouge sur l’épaule et la fesse.                                                                                                                                              

Il se tourne vers la Métisse en disant :
— Il faudrait marquer vos esclaves.
— J’y réfléchirai.
Je me cache un peu derrière Ariane. Il ne fait pas spécialement attention à moi, mais quand il nous a examinées, il dit :
— La petite blonde qui se cache derrière la grande brune, viens ici.
C’est moi, merde ! On est vingt et il me choisit. Il faut dire que je suis la plus blonde. Ariane me murmure :
— Va te mettre à genoux devant elle et présente-toi.
Je vais vite me mettre à genoux et je lui dis :
— Je m’appelle Lizy et je suis à votre service, Madame.
Elle me caresse la tête comme on le fait à un chien et elle me dit :
— Suis-nous.
Un dernier regard à Ariane et je les suis dans les couloirs vers leur cabine. On entre dans une très grande pièce, sans doute aussi grande que la cabine du capitaine. Je remarque d’abord le hublot, puis les meubles : un grand lit, un canapé et un bureau. Un jeune homme se lève et il lui dit très bas :
— Tu… euh...
Elle le coupe et me dit :
— C’est mon mari… Il n’a rien à dire, n’y fais pas attention.
C’est violent, ça ! Je dois faire une drôle de tête, parce qu’elle ajoute :
— Il va t’expliquer. J’adore l’entendre dire à quel point il m’aime, alors que moi, je le traite comme un chien. Allez Jeannot, mets-toi au centre de la pièce et raconte notre histoire.
Jeannot bredouille :
— Je… euh… suis…
La Métisse le coupe, agacée :
— Putain, tu es incapable d’aligner trois mots ! Je vais nous présenter à notre esclave. Je m’appelle Anna, je suis une Indienne Caraïbe, fille d’une esclave de Sylvain de Selliers, le père de Jeannot.
Elle se tourne vers lui en disant :
— Continue sans bafouiller.
— Mon père m’a dit de… euh...
— Bravo, quelques mots ! Je continue : son père est tombé amoureux de moi, mais comme il était déjà marié avec la maman de Jeannot, il a voulu que j’épouse son fils pour être dans la famille et hériter un jour de sa fortune.
Anna me regarde et ajoute :
— Le fils est aussi amoureux de moi, c’est de famille. Le pire, c’est que je le trompe et que je suis une vraie garce avec lui, pour différentes raisons. Tu vas en voir une. Jeannot, baisse tes culottes.
Il obéit instantanément et... oh, il a un tout petit sexe ! Nettement plus petit  que mon petit doigt. Anna me dit :
— Comment tu le trouves ?
Je dois trouver quelque chose d’humiliant pour plaire à ma nouvelle maîtresse. Je réponds :
— Il a peut-être eu une maladie quand il avait six ans, Madame.
Elle rit et répond :
— Pas mal trouvé, petite. Alors tu comprendras que je suis obligée de le tromper.
— Oui Madame.
Elle réfléchit et ajoute :
— Ça m’excite de raconter ça à une petite putain. C’est bien ce que tu es, non ?
— Oui, Madame.
— Bon, je vais t’essayer, mais plus tard… Je dois discuter avec le Capitaine. Va faire un tour où tu veux… mais sois ici à quatre heures cet après-midi.
— Oui Madame.
Je sors toute nue… Je regarde soigneusement où est la cabine et je prends un escalier pour aller sur le pont.                                                                                                                           
À suivre
                                                                                                                                                Un grand merci à Bruce Morgan, pour le super dessin.
                                                                                                                                              Nos 7 livres illustrés sont ici : 
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