563 - 68 Sous terre.
Oui, je sais, on pourrait penser que j’ai peur de tout, mais là, on est sous la terre avec des chauves-souris et peut-être des crotales. On retourne à l’endroit où on a installé notre petit camp ! Ariane dit à Kil :
— Ce serait bien que tu fasses une torche...
Il prend le bâton qui était dans un des sacs. Il entoure une extrémité d’une bande de tissus qu’il recouvre de résine et l’allume à la bougie. Oh ! La salle est immense. Ariane a de nouveau un plan en main, elle suit la paroi et elle nous dit :
— C’est ici qu’on doit dégager.
On amène tout le matériel et Kil enlève soigneusement de grosses roches. Quand c’est fait, Ariane creuse contre la paroi avec une petite pelle. Elle met son visage contre la petite ouverture, puis elle nous dit :
— Je sens un courant d’air. Il faut dégager juste de quoi s’y glisser.
Kil élargit l’ouverture. Il pousse la terre et les cailloux, qui tombent de l’autre côté de la paroi, de façon à ce qu’il puisse s’y glisser. Il disparaît, puis il nous dit :
— Venez.
Ariane me dit :
— Vas-y.
Mieux vaut ne plus penser à rien. Ariane me dit « Vas-y », j’y vais. Elle m’aide et quand je suis sur le sol, elle me dit :
— Ne bouge pas, on est sur une corniche.
Sur une corniche, qu’est-ce qu’elle veut dire, je...
— Attrape les sacs avec moi, Lizy.
Il fait noir, mais vraiment noir. Kil fait glisser les sacs, on les attrape pour les déposer sur le sol... de la corniche. Moi, je n’ose plus bouger, bien sûr, je suis collée à elle. Soudain, il y a de la lumière... Oh ! On est au-dessus d’un petit lac et entourés de superbes concrétions. Elle me demande :
— Comment tu trouves ?
— C’est beau.
Mais on n’est quand même pas venu jusqu’ici juste pour visiter cette grotte ! Ariane lit en moi comme... dans un livre ouvert. Elle me dit :
— On n’est pas venu ici pour visiter la grotte.
Ensuite, elle rit, heureusement. Kil a allumé deux autres torches. Ariane marche sur la corniche jusqu’à un endroit où se trouve une échelle de corde. Elle descend, moi aussi, puis Kil nous passe les sacs. Il est le dernier à descendre. Ariane regarde sa carte et dit :
— Il va falloir creuser. Ces types étaient vraiment fous de cacher leur magot comme ça.
Un magot ? Elle n’aime pas que je pose des questions, mais je lui dis simplement :
— Steupléééééé.... Ariane.
— Ouais... normalement, on devrait trouver quelque chose d’intéressant, mais pour ça, on doit traverser la flotte et il faut que personne ne soit passé avant nous. Cette échelle de corde m’inquiète un peu. On verra...
Ben oui, on verra. Il ne fait jamais chaud dans les grottes. Il doit y avoir une dizaine de degrés. Ariane nous dit :
— On va se déshabiller et porter un sac au-dessus de la tête.
On enlève nos vêtements et on les met dans les sacs, puis on entre dans l’eau. Ouch ! C’est froid, vraiment froid. On a chacun une torche et on traverse le petit lac en grelottant. Ariane marche prudemment. Elle arrive de l’autre côté du lac et elle me donne la main pour m’aider à monter. On s’enroule tous les trois dans une couverture. Ariane sort le plan d’un des sacs et elle montre un rocher du doigt en disant :
— Ça devrait être là. Oui, c’est ici.
Quoi ? Qu’est-ce qui est là ? Et d’ailleurs, c’est quoi un « magot » ? Kil attaque le rocher à la pioche. Au bout de peu de temps, il est cassé et Kil peut enlever les morceaux. Quand tout est dégagé, il s’introduit dans un nouveau boyau et au bout de peu de temps, il dit :
— Yep ! Venez.
On se faufile dans le boyau et on arrive dans une petite salle. Kil est assis, entouré de bijoux, pièces en or, pépites et poudre d’or. Ariane dit :
— On en rêvait...
Je réponds :
— Peut-être qu’on rêve tous... Aïe !!
Elle m’a pincé la cuisse. Elle rit, Kil et moi aussi. On a trouvé un trésor. Ça n’arrive pas dans la vraie vie, ça. Ariane nous montre ce qui semble être des morceaux de verre de différentes tailles, en disant :
— Ce sont des diamants, on est à côté du volcan où on les trouve. Bon, Kil, Lizy, vous voulez votre part et partir de votre côté ?
On répond presque ensemble :
— Non.
Elle me dit :
— Je reste ta patronne ?
— Oui Madame.
Elle rit et dit :
— D’accord, ça me convient, j’ai toujours besoin d’une femme de chambre.
Je fais une petite danse en chantant
— « On est richeeeeuuu.... »
Ariane me dit :
— Attends.... on doit d’abord sortir et protéger notre trésor.
Elle ajoute :
— Kil, tu es sûr qu’ils sont tous morts ?
— Certain, aussi morts qu’une côte de veau !
C’est bête, mais on rit tous les trois. Ariane nous dit :
— On mange un peu et on se repose. On abandonnera les outils et tout ce qui est inutile. Est-ce qu’on prend ce qu’on a trouvé ?
On rit à nouveau... C’est fou ce qu’on rit quand on est riche... À condition de sortir d’ici, bien sûr. On mange de la viande séchée, des biscuits, des pommes et on boit un peu d’eau. Je fais pipi et Kil fabrique trois torches qu’il allume. Ensuite on vide deux sacs pour les remplir de pièces d’or, de diamants, de pépites, c’est fou. Ariane et Kil portent les sacs aux trésors et moi celui avec les choses qu’on emporte. Je n’ai presque plus froid en retraversant le petit lac. On remonte par l’échelle de corde, puis Kil nous aide à passer à travers le terrier pour arriver dans la première salle. Ariane nous dit :
— Il se peut qu’il fasse noir, surtout ne touchez pas le buisson de « poison ivy ».
Je repense aux dessins qu’Ariane m’a montrés.
Je ne sais pas si c’est le fait d’être riche qui nous donne des ailes, mais on sort rapidement et sans problèmes. Dehors, c’est l’aube. Il fait nettement plus chaud que dans la grotte. On se colle au rocher pour sortir, sans toucher aux plantes urticantes. On redescend la colline en portant notre trésor. On retrouve la charrette, on y met les sacs et une bâche sur le tout. Kil a deux pistolets à sa ceinture. On se change avec les habits propres qui sont restés dans la charrette.
On se dirige vers une grosse ferme, Ariane a pris des pièces et elle achète une voiture et deux chevaux à l’exploitant. Elle nous dit :
— J’ai dû payer le double du prix, mais la voiture est indispensable. On va à Little Rock, la capitale de l’État.
Là, on achète des valises pour mettre le trésor et on va dans le meilleur hôtel de la ville. Je suis ravie de pouvoir me laver. Ariane et moi, on va au restaurant de l’hôtel, tandis que Kil reste dans la chambre. On lui fait porter un repas. Avec de l’argent, tout s’arrange.
Kil est le seul qui ait des papiers en règle, Ariane et moi, on est juste sa propriété. On reste dans la chambre à surveiller le trésor tandis que Kil se rend chez le notaire le plus important de la ville... Ariane lui a dit ce qu’il devait dire... Je n’écoute pas tout, c’est barbant. Quelques gros « pots de vin » plus tard, il revient en tendant deux papiers à Ariane. Elle lit attentivement et elle me dit :
— Je suis redevenue une citoyenne française et tu es ma propriété. Ça te plaît ?
— ... Oui, mais pourquoi moi, je...
Elle me coupe :
— Ça me plaît que tu sois à moi et puis ça coûte beaucoup trop cher de faire de vrais papiers. Tant que tu m’appartiens, tu ne feras pas de bêtises... Enfin, si, mais tes fesses en paieront le prix.
Je ne comprends rien à leur combine... J’ai envie d’aller m’amuser et boire de la tequila. Ariane ajoute :
— J’ai aussi acheté une maison au bord d’un lac, on ira demain avec le notaire.
Ils ont mis le trésor dans un seul sac très lourd. Kil le prend et on va au restaurant. On mange de la dinde, c’est excellent et on boit du vin, puis un alcool de fruit délicieux. Kil ne boit pas et Ariane ne se laisse tenter que par un peu de vin.
Ariane doit m’aider à monter dans la chambre. Je m’endors presque assise sur le pot de chambre. Je grimpe sur le lit et je m’endors pour de bon.
***
Le lendemain, j’ai mal à la tête. Ariane me dit :
— Je ne veux plus que tu boives autant.
— Oui, je le ferai... plus
Le notaire vient à l’hôtel et on part pour le Lake Conway. Ce n’est pas très loin. Les propriétaires sont là et le notaire fait la présentation. Je leur dis :
— Franchement, votre propriété est superbe.
Je me rends compte que ce n’est pas la chose à dire au moment de discuter du prix avec les propriétaires. Trop tard ! Ariane me dit :
— Les grandes personnes vont parler, toi, va au bord du lac.
— Mais...
Elle me coupe :
— Je dois répéter Lizy ?
— Non, non... j’y vais.
Je vais au bord du lac, je pensais que ce serait amusant d’acheter une maison... Il y a un ponton et je vais m’y asseoir... Puis je me couche et je crois que je m’endors. J’en suis même sûre parce qu’une jolie Noire habillée en femme de chambre vient me secouer doucement le bras. Elle me dit :
— Madame vous demande de la rejoindre.
— Tu es qui, toi ?
— Je suis une des esclaves et ma propriétaire m’a vendue à Madame, en même temps que le domaine.
C’est quoi ce plan ? Je voulais acheter des esclaves et les choisir moi-même. La fille me dit :
— Madame a insisté, vous devez la rejoindre...
— Ouais... Dis, il y a beaucoup d’esclaves, ici ?
— Il y a la cuisinière, la première fille, trois servantes et deux jardiniers.
On remonte vers la maison. Les anciens propriétaires sont partis, le notaire aussi. Ariane me demande :
— Alors, comment tu trouves notre propriété ?
— Je voulais acheter des esclaves, moi.
Gros soupir d’Ariane. J’ajoute :
— La propriété est très belle, vraiment... Et puis, je pourrais quand même acheter des esclaves, en plus ?
***
Une semaine se passe. Est-ce que Ariane a beaucoup de patience avec moi ? Est-ce que j’ai fait l’idiote ? Oui, sans doute les deux. Le problème c’est qu’Ariane est tout le temps partie avec la voiture pour voir le notaire ou je ne sais plus qui. De plus, elle m’a dit :
— Ne va pas passer ton temps dans les cuisines. Il ne faut pas sympathiser avec les esclaves. Il y a une belle bibliothèque, tu as du temps libre pour le moment, lis. La lecture, c’est merveilleux.
Non, c’est embêtant... Alors je reconnais que lorsqu’elle n’est pas là, je mange et je goûte aux vins et aux alcools qui sont dans la cave.
J’ai une chambre mais je peux rejoindre Ariane dans son lit. En général, je m’endors parce que j’ai trop bu.
***
Ce matin, on prend le petit déjeuner dans la grande salle à manger.
Une servante vient apporter du pain fait par la cuisinière... Moi, je lui demande des beignets, j’adore ça... J’en mange plusieurs et j’ai du sucre plein le museau et un peu sur les joues. J’ajoute même de la confiture ou du miel. La bouche à moitié pleine, je dis à Ariane :
— Aujourd’hui, je veux m’amuser.
— Et si tu venais avec moi, voir des maisons et des manufactures à acheter ?
— Oh non, c’est chiant...
Je dis à la servante :
— Apporte-moi encore des beignets.
Ariane me dit :
— Tu grossis Lizy, tu le sais ?
— M’en fous... je m’ennuie ici. On ne fait plus rien. On pourrait organiser des fêtes, inviter des gens... des belles filles, des beaux jeunes gens. À quoi ça sert d’être riche, sinon ?
Je gémis encore :
— Je veux m’amuser !
— Moi, je vais voir des maisons et des terrains pour placer de l’argent. Tu viens avec moi ? Je te parlerai des possibilités de faire de bons placements... Tu veux que je t’explique ?
— Nooon, je voudrais faire quelque chose de gai.
— Tu devrais te bouger, je suis sûr que tu as pris plusieurs kilos. Qu’est-ce que tu en penses, Latia ? Dis la vérité.
Latia, c’est la première fille et elle surveille les servantes. Elle répond :
— Je crois que Mademoiselle Lizy a pris du poids.
— Est-ce qu’elle boit de l’alcool ?
— Oui Madame.
Quelle sale garce ! Je lui dis :
— Tu as envie de te faire fouetter ?
Et là, Ariane se met en colère. Elle crie :
— Ça suffit ! Tu ne fous rien à part manger et boire de l’alcool. J’ai eu de la patience, mais c’est fini. À partir de maintenant, tu vas te bouger. File à la cuisine et restes-y.
Elle est folle ! Je gémis :
— Mais non, je suis riche, je te donne...
— Latia, va chercher une jolie branche bien souple...
— Nooon, je...
— FILE À LA CUISINE !
J’ai toujours obéi à Ariane et toute riche que je sois ou pense l’être, je me lève et je vais à la cuisine. Juste avant de descendre les marches, je l’entends dire à Latia :
— Je veux que...
Une esclave noire sort de la cuisine pour voir ce qui se passe. Je descends les marches et je la suis dans la cuisine, les larmes aux yeux. Il y a Madame Johanna, la cuisinière, les deux servantes plus celle qui me suit et un des jardiniers. Ils se lèvent tous quand j’entre. Je vais m’asseoir sur le banc et je pleure dans mes mains. Ils doivent tous me regarder, très surpris. Madame Johanna me demande :
— On peut faire quelque chose pour vous, Madame ?
— Oh... oui, donne-moi un verre d’alcool de fruit.
— De framboise, Madame ?
— Ouiiiii.... sniiif....
Elle me sert et je m’apprête à boire quand Latia entre dans la cuisine. Elle m’enlève le verre des mains et elle le boit.
À suivre.
Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.
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