572 - 6 - Eden vole.

La serveuse met devant moi un homard coupé en deux. Est-ce que je vais aimer ? Le garde me désigne de la chair rouge dans la tête en disant :
— Goûte, c’est délicieux.
J’hésite... et puis je goûte. C’est vrai que c’est délicieux. Je lui fais un grand sourire. Je mange le rouge et puis le corps et les pattes avec de la mayonnaise, c’est trop bon. Le garde commande une autre bouteille de vin. Je n’ai pas l’habitude de boire et j’ai la tête qui tourne.... C’est le moment du dessert. La serveuse nous apporte trois glaces. La troisième va fondre, je la mangerais bien.  Ah non, une jolie brune d’une trentaine d’années arrive. Elle m’embrasse en disant :
— Bonjour Éden.
— Bonjour Madame.
— Je m’appelle Elena et je vais te conduire sur les lieux de tournage. Mange ta glace, elle va fondre.
Oui, c’est vrai... De la glace avec de la crème fraîche, j’adore. Quand j’ai fini, Elena me dit :
— Tu avais vraiment faim...
— Là où j’étais, on ne me donnait pas grand-chose.
— Je sais, ces filles sont des garces.
— Vous le connaissez ?
— Par leurs vidéos.
Le garde lui dit :
— Je vous laisse. Bonne chance Éden.
Il m’embrasse... je m’imaginais passer la nuit avec lui. Elena l’a compris et elle me dit :
— Déçue ?
— C’est que je n’aime pas dormir seule, surtout que je ne connais rien et...
On entend de la musique. C’est son I-phone. Elle écoute, puis répond :
— C’est exactement notre personnage, Monsieur, tout concorde... Je vous dirais : « même l’odeur et les poils blonds sous les bras. »
Je deviens toute rouge, c’est vrai, j’ai un tee-shirt sans manches que je mets depuis quelques jours pour nettoyer et je ne pouvais pas me raser avec les filles. Elena ajoute :
— Et elle rougit. Oui, d’accord, je m’en occupe.
Elle coupe son I phone et me dit :
— Tu vas tourner dans une série. Tu seras la comédienne principale. On passe la nuit à l’hôtel et on part demain.
Le vin me donne toutes les audaces, je lui demande :
— Je peux dormir dans votre chambre ?
— Oui, bien sûr.
Je bâille le plus discrètement possible et elle me dit :
— On y va, tu as l’air épuisée.
— Ouiiiiii...
On salue les gens du restaurant. Je leur dis :
— C’était déli... cieux. 
On sort et je m’appuie contre Elena... On marche le long du canal. Je regarde les filles dans les vitrines. Certaines sont carrément nues, c’est surprenant. On prend une petite rue. Il commence à faire noir et on arrive dans une grande cour. Dans le fond, il y a un hôtel brillamment éclairé. On entre. Le réceptionniste lui tend sa clé en disant :
— Bonne soirée, Mademoiselle Elena.
— Merci, à toi aussi.
On prend un ascenseur et on monte... haut. Je vois 12e étage... On entre dans sa chambre... Oh ! Mon sac est là. Comment elle savait que... bah... sans doute que je suis... prévisible. Elle me dit : 
— Va sur la terrasse.
J’y vais. La lune éclaire l’estuaire de l’Escaut qui est presque un bras de mer ici... Je peux aussi voir le Sex Park éclairé et je le trouve immense. Je dis à Elena :
— C’est beau... et si grand
— Oui... ne traîne pas, on part tôt demain. 
— Je vais dans la salle de bain.
— Ne te lave pas, pour être dans le personnage du premier épisode.
J’aimerais me laver, je sens la transpiration, comme elle a dit, et mes cheveux sont sales. Je prends mon sac de toilettes et je lui dis :
— Les dents, je peux ?
Elle réfléchit et répond :
— Oui, s’il le faut tu les frotteras avec un peu de cendre avant de jouer.
De plus en plus bizarre, enfin, on verra bien... Comme j’ai un peu trop bu, je m’en fous... Quand je retourne dans la chambre, Elena va dans la salle de bain. Je voudrais dormir avec elle. Elle revient nue et franchement belle. Elle va dans son lit et je la rejoins. Je lui demande :
— Je peux me mettre contre vous, malgré...
— Oui. Tu sais, j’ai fait du taekwondo en compétition et après quelques combats, on sentait plus fort que toi.
— Merci.
Je me colle à elle, son corps est dur mais sa peau est douce. Je suis fatiguée, je m’endors vite.
***
Quand je me réveille le lendemain matin, je me dis d’abord : je suis qui et ici c’est où ? Ah oui... je suis Éden et j’ai dormi avec Elena au 12e étage d’un hôtel du groupe Sex Park. Je n’ai plus de ceinture de chasteté, ma puce est out et je sens la fille qui devrait prendre une douche. 
Il fait sombre dans la chambre, je vais écarter les rideaux et je vois Elena qui parle dans son I-phone, assise au soleil sur la terrasse. Elle dit :
— Je vous laisse, Monsieur, notre actrice est là.
En fait, elle dit peut-être ça mais dans une langue que je ne connais pas. Je lui dis :
— Bonjour Madame.
— Bonjour Éden, on va prendre le petit déjeuner.
— Oh oui, j’ai faim...
Elle appelle la réception pour le demander. Elle est nue au soleil. Elle me dit :
— On déjeune et on part.
Où ? Je ne le demande pas... quelle importance ? On toque à la porte et on ouvre. Une jolie servante entre et dit :
— Bonjour Madame Elena, bonjour Mademoiselle.
Elena répond :
— Bonjour Suzy.
Elle dépose le plateau sur la table de la terrasse. C’est un petit déjeuner « à la française » : croissants, pains au chocolat, beurre, confiture, café... J’adore. Avec les sœurs, je mangeais très peu. C’était vraiment des garces. On mange, on passe à la salle de bain mais pas pour se laver. On ne se lave plus avant la fin du premier épisode, si j’ai bien compris. On s’habille et on prend l’ascendeur, mais on ne descend pas, on monte jusqu’au toit. Je n’aime pas ça, les toits ! J’ai le vertige. Il y a un hélicoptère dont les pales tournent. Je prends le bras d’Elena en disant :
— On ne pourrait pas aller en voiture ? J’ai le vertige...
Elle me regarde et répond :
— Non, impossible. L’hélicoptère et l’avion sont les moyens les plus sûrs de voyager.
Je sais bien que je dois y aller...  Ça doit lui sembler vraiment bête, quelqu’un qui a peur de l’avion et de l’hélicoptère. Ma mère était exaspérée quand j’avais peur de quelque chose. Pour me punir de ma « lâcheté », elle me mettait sur le balcon de notre appartement du 4e étage en disant : « Il ne tient plus bien, si tu sens qu’il va tomber... tiens-toi à quelque chose ». Ensuite elle fermait la porte-fenêtre en riant. Je me collais au mur, terrorisée.
Là, il va falloir surmonter ma peur... et merde pour ma mère ! Je monte dans l’hélicoptère en serrant les fesses. Seigneur, faites que tout se passe bien. Elena me dit :
— Tu as peur ?
— Oui...
Elle a l’air surprise, est-ce qu’il y a des gens qui n’ont pas peur en hélicoptère ? Elle me dit :
— Dans l’avion, tu te sentiras mieux.
Je la regarde, affolée. Elle dit :
— Ah d’accord, tu as aussi peur de l’avion ?
— Ouiiii Madame !
On décolle...


le trajet est relativement court. On atterrit... vivants dans un petit aéroport et on prend un jet. On n’est que deux passagères avec une jolie hôtesse qui nous souhaite la bienvenue. Elena lui dit :
— Sers-nous du champagne, elle n’est pas à l’aise.
On va s’asseoir dans des grands fauteuils, on met nos ceintures et on décolle... L’hôtesse nous apporte des coupes de champagne. Après quelques verres, ça va « minusculement » mieux. Je vais faire pipi et en revenant, je demande à l’hôtesse :
— Combien de temps dure le voyage ?
— Treize heures, Mademoiselle.
Treize heures en l’air ! Je regarde Elena. Elle lève un peu les yeux au ciel, qui n’est pas loin au-dessus de nous. Elle sort un cachet rose en forme de cœur d’une petite boite et elle me dit :
— Avale ça 
— Mais...
— Avale.
J’avale son cœur avec un peu de champagne et puis j’attends... pppfff.... ça ne me fait rien. J’ai envie de lui dire que ça ne me fait rien... d’ailleurs, je lui dis :
— Il ne me fait rien ce cachet...
Elle répond :
— Normal c’est un placebo.
C’est malin ! La seule chose, c’est que j’ai un peu moins peur... et puis je trouve l’hôtesse trop belle. Elle sent que je la regarde et elle me sourit. Je dis à Elena :
— Je crois que je... 
Et puis... je m’endors...
***
Je me réveille parce que Elena m’a prise par les bras et m’a levée de mon siège... On sort de l’avion. Il fait froid. Je dis à Elena :
— Je n’ai quand même pas dormi pendant 13 heures...
— Non, tu as ri, tu as chanté, tu as vu des couleurs, tu as flirté avec l’hôtesse.
Plus aucun souvenir. Je dis à Elena :
— C’est vrai ?
— Mais non, tu n’as pas eu peur et tu es toujours vivante. Mets ce manteau, il fait froid ici.
Elle me donne un manteau en fausse fourrure noire. On sort... brrrr ! C’est vrai qu’il fait froid. Elle me dit :
— On va rejoindre le reste de l’équipe.
Ça, je ne l’ai pas rêvé, je vais jouer dans un film.

À suivre.

Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

Nos 7 livres illustrés sont ici : 
https://www.lamusardine.com/recherche?s=mia+michael&controller=search

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