608 - 6 Mila ose tout ou presque.

 Je ne veux pas me retrouver seule et ils me plaisent tous les deux. Ils sont beaux et forts et puis ils sont amis avec l’IA, le Maître du monde. Veda me demande :
— Pour quoi faire ?
— Pour être acceptée par... Enfin, pour cesser d’être une ex ultra riche et devenir comme vous. Je ferai tout ce que vous voudrez. 
Thor me dit :
— Nous sommes une sorte de « confrérie ». Nous avons des campements dans différents pays, mais on se contente de peu : une tente, une vieille caravane, une cabane...
— M’en fous de ça, je voudrais rester avec vous.
Thor regarde Veda qui me dit :
— Tu as payé pour ce que tu avais fait. Tu voyais tout le monde le faire donc on peut te comprendre... Enfin, plus ou moins, mais...
Cette fois-ci, elle regarde Thor ! Mais qu’est-ce qu’ils vont m’annoncer ?? Il me dit :
— Les membres de notre confrérie doivent prouver leur courage... leur désintéressement aussi.
Je réponds :
— Je ferai ce que vous me dites.
Ils s’éloignent... Ils partent ? Non, ils discutent. Veda se met à rire, est-ce bon signe ? Ils reviennent et elle me dit :
— Dans quelques jours, on participera à un événement, je sauterai nue en parachute. On t’accepte si tu sautes avec moi, chacune avec son parachute.
C’est que j’ai le vertige et... Ils me regardent, genre « Ouais, on s’en doutait ». Je réponds :
— D’accord, je le fais.
Je veux faire partie de la confrérie et devenir l’amie de l’IA. Ils sont surpris... Veda me dit :
— On le fera ensemble. Tu es bien sûre de vouloir le faire ? 
— Je le ferai, Mademoiselle.
Oui, moi qui ai peur du noir, des araignées et qui pleure en regardant un film sentimental, je vais sauter en parachute. Être nue, c’est un détail... depuis que je suis passée du stade de UR, Ultra Riche, à celui de UP, ultra pauvre et esclave de qui l’IA a décidé, j’ai été obligée d’être nue très souvent. 
Je suis une petite crevette qui va se débarrasser de sa vieille carapace d’angoisses. Je deviendrai une jolie crevette rose qui n’a peur de rien. Non, ce n’est pas vrai. J’aurai toujours peur de plein de choses mais j’aurai prouvé ma bravoure. Thor me dit :
— D’accord, tu viens avec nous et dans trois jours, tu sauteras avec Veda. Ce sera retransmis à tous les frères et sœurs.
***
Des bateaux viennent chercher les Chinois ou plus exactement les riches Asiatiques, j’ai dit Chinois pour simplifier. De même, les Miss Chine sont peut-être des Miss Japan ou Thaïlande. Les hommes travailleront pour les Somaliens et les femmes aussi, mais sans doute dans un autre domaine. Je ne crois pas que ça va leur plaire, mais tous les UR y passeront.
Les Chinois crient bien fort que c’est un scandale, jusqu’à ce qu’ils reçoivent une décharge électrique dans les couilles ou la chatte. Je connais, j’y suis passée. Même s’ils m’ont battue et traitée comme la dernière des servantes, je les plains. Je sais que tous les UR des divers continents y passeront. 
Et puis non, je ne les plains pas ! Je suis trop conne !! Je dois penser au travail des enfants, par exemple, pour enrichir les UR. Sauter en parachute me fera peut-être du bien, ça me remettra les idées en place. 
Une vedette nous amène dans un port de Somalie. On met les gros Chinois déjà au travail et franchement, ils n’aiment pas ça. Les « Miss Chine » sont déjà occupées à sucer la bite des Africains. Pas spontanément, mais après avoir goûté les décharges électriques aussi. Des Somaliens, frères et sœurs de Thor et Veda, viennent vers nous. Ils sont vêtus de vêtements usés, déchirés, certains sont nus. Ils s’embrassent. Moi, ils me regardent pendant que Thor leur explique qui je suis. Veda me dit :
— Si tu ne te dégonfles pas, dans trois jours, tu seras une de nos sœurs.
Ou je serai morte de peur ou écrasée sur le sol ou déchiquetée sur une carcasse rouillée ou noyée ou bouffée par un requin... Veda me prend contre elle et elle me regarde. Mes yeux fuient les siens. Elle me dit fermement :
— Stop ! Arrête ce flot de pensées ridicules !
— Oui Mademoiselle, j’essaie, je vous jure.
Une jolie Somalienne vêtue uniquement d’un short m’apporte un jean et une chemise, le tout pas très propre. Avant moi, une sœur a dû pas mal transpirer dans la chemise. Je m’habille et on ne me regarde pas. Je ne suis pas encore une sœur et je ne suis plus une UR. Quand je suis prête, on va dans un vieux garage. Il y a quelques voitures et plusieurs motos. 
Ils se disent au revoir et Thor monte sur une moto, Veda sur une autre et elle me fait signe de venir derrière elle. Je me colle à elle, cette fois-ci, je dois le faire. On quitte le port. Partout il y a des Occidentaux qui travaillent, ils seront bientôt rejoints par les Asiatiques. 
Je rêve contre Veda, secouée par les cahots de la route. C’est fatigant la moto, même en temps que passager. On est en Afrique, mais dans la partie plutôt désertique... J’ai soif et faim et je dois faire pipi, la totale. Je dis à l’oreille de Veda :
— Je dois faire pipi, Mademoiselle.
Elle tourne un peu la tête pour répondre :
— On s’arrête dans une vingtaine de minutes. Si t’es trop pressée, pisse dans ton short, ça séchera vite.
Elle se fout de moi, là ? Je serre les fesses, ce qui est difficile quand on est à cheval sur une moto. Je me répète « 20 minutes, c’est pas long ». Si, c’est long... Enfin elle me crie :
— C’est là !
Ouf ! Je vois de la végétation et même des fleurs autour d’un très grand établissement, genre saloon un peu délabré. C’est la marque de fabrique de la Confrérie. Il y a plusieurs motos devant le saloon, et des pickups aussi. Thor gare la moto. Je descends et je dis à Veda :
— Mademoiselle, pipi.
— Ben, fais ici.
Il y a beaucoup des gens sur la terrasse et ils nous voient, mais j’en peux plus, je baisse mon short et je pisse. Je les entends rire. M’en fous... quand on va sauter en parachute, on s’en fout de pisser en public. En fait, je suis quand même gênée. 




On va sur la terrasse, les clients sont tous des Africains, hommes et femmes. Les Somaliens ne sont pas noirs, mais plutôt café au lait et ils sont beaux dans l’ensemble. Les serveuses sont plus claires de peau. Elles sont vêtues uniquement d’anneaux de fers autour du cou, des poignets et des chevilles. L’une vient s’incliner devant Thor et Veda et leur dit :
— Je vous prie de m’excuser, Monsieur, Madame, mais vous devriez parler à Madame à propos de la jeune femme qui est avec vous.
Thor répond :
— On te suit.
J’attends sur la terrasse, entourée de frères et sœurs ou de gens du peuple. Un gros homme me dit :
— Tu ne peux pas rentrer parce que tu es une UR.
Eh ! Ils vont me lyncher ?? Je lui réponds :
— J’ai payé pour ma faute, Monsieur, le Maître IA m’a envoyée passer une dernière épreuve.
Le fait que j’ai cité l’IA, ça leur fait bien fermer leurs gueules. Je voudrais m’asseoir, mais je n’ose pas. Enfin, Thor et Veda reviennent avec une jolie Noire très claire. Comme elle ne porte qu’un petit short, je vois qu’elle a un beau corps. Elle a aussi de longs cheveux et de grands yeux noirs. Elle me dit :
— Alors, c’est toi qui vas sauter, petite pisseuse ? 
Ils savent tous que j’ai pissé !
— Oui Mademoiselle... je ne pouvais plus me retenir à cause de...
Elle me coupe pour dire :
— T’es courageuse de pisser en public.
Je deviens bêtement toute rouge. Elle claque des doigts, une serveuse accourt et se plie en deux. Elle lui dit :
— Va préparer une table pour quatre avec un tabouret pour la petite.
Charmant, mais le principal, c’est que j’entre. On suit la servante à l’intérieur de la taverne-saloon. Je remarque que les servantes ont des traces rouges sur les fesses. Il y a pas mal de monde, mais on est les seuls clairs de peau. Au-dessus du bar, il est écrit : « Frères et Sœurs, si vous avez un problème, Su’aad vous aidera ». Tout ça ressemble aux communautés hippies d’il y a plus d’un ou deux siècles, à San Francisco par exemple. La serveuse ou plutôt l’esclave nous amène devant une table de trois. Ils s’assoient. Et moi ? Je reste debout, les yeux baissés, pas loin de bêtement pleurer. La serveuse apporte un tabouret. Su’aad  me dit :
— Ne pleure pas, tu as l’air d’avoir six ans. Un tabouret, c’est bien pour un enfant, même riche.
Je dois quand même répondre à ça :
— Pardon Mademoiselle, mais pour ce qui est d’être riche, tout ce que je possède, ce sont mes vêtements et mes chaussures, parce que Mademoiselle Veda me les a donnés.
Elle répond :
— S’ils ne sont même pas à toi, enlève-les.
Je n’aurais jamais dû lui répondre. Je me plie en deux en disant :
— Pardon Mademoiselle, je suis une enfant insolente.
J’ajouterais bien, c’est facile de se moquer de quelqu’un qui n’a pas la possibilité de se défendre.
— C’est bon, ne pleure pas... Tu veux un alcool comme nous ou une délicieuse glace ?
— Une glace, s’il vous plaît.
Ça les fait rire. J’adore les glaces et je n’en ai plus mangé depuis la visite de Thor et Veda chez nous. Su’aad me dit :
— Pour le moment, tu es mi-chair mi-poisson, ce sera différent quand tu auras sauté en parachute. 
— Oui Mademoiselle.
La serveuse-esclave apporte des verres emplis d’un liquide ambré et une très grosse glace dans une coupe, un peu comme on en sert aux États-Unis. Elle me met une serviette autour du cou comme on en met aux petits enfants. Je m’en fous, la glace, la crème fraîche, c’est trop bon. Je veux bien m’asseoir sur un tabouret avec une serviette autour du cou, si je peux manger des glaces aussi bonnes. Veda demande :
— Les serveuses ce sont des filles d’Afrique du Nord ?
— Non, des Émirats. L’IA commence par les pays le plus riches, mais ils y passeront tous. 
Je réponds bêtement :
— Je pense qu’elles le méritent... mais c’est dur. Moi, par exemple... Enfin, je veux dire que tout peut arriver, ça fait peur.
Ils se regardent tous les trois et Su’aad dit :
— Les enfants peuvent parler à table, chez vous ?
Je dis très vite :
— Pardon, je ne le ferai plus.

À suivre.

Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

No 8 livres illustrés par Bruce Morgan sont ici.
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