615 - 12 L'Impératrice

 Il dit à Ofelia :
— Elle sait où vous allez ?
— Non, monsieur
Je me rapproche d' Ofelia, comme chaque fois que je panique. L’homme poursuit :
— C’est mieux comme ça.
Il me regarde et ajoute :
— Va attendre dans le couloir.
Pourquoi ?? J’y vais... à contrecœur. J’attends dehors, comme si le prof m’avait mise à la porte de la classe. Cinq minutes plus tard, Ofelia ressort et elle me prend par la main. On suit Eva dans une pièce, où elle met une jolie robe et des chaussures. Elle reçoit aussi des bijoux : colliers, bracelets, boucles d’oreilles. Moi je n’ai droit qu’à un chemisier blanc, un pantalon et des chaussures noires. Je suis la servante d’Ofelia. Dès qu’on est prêtes, on nous dépose en voiture dans un petit aéroport et on prend un jet, direction la Chine. Elle me dit :
— Quoi encore ?? Tu as peur ?
— Oui...
— Ajoute mademoiselle.
— Oui mademoiselle.
J’ai envie de pleurer pour changer. Une jolie hôtesse asiatique vient nous dire :
— Puis-je vous servir quelque chose ?
Je regarde Ofelia qui répond :
— Un verre de vin blanc et des amandes pour moi... et pour ma servante, une très grosse glace et un verre d’eau.
La glace d’accord mais pourquoi l’eau et servante ? Ofelia me dit :
— C’est le rôle que tu vas jouer. 
Le voyage se passe bien, je veux dire qu’on reste en l’air... Ofelia somnole... Je demande à l’hôtesse :
— Où est-ce qu’on atterrit ?
— À Beijing mademoiselle, dans une heure.
Je dis à Ofelia :
— C’est où Beijing, Mademoiselle
— C’est Pékin.
On atterrit dans un énorme aéroport. Même si le réchauffement climatique a commencé à régresser un peu grâce aux IA, il fait doux. Un homme nous parle en chinois. Ofelia lui répond.
Elle parle le chinois ? C’est peut-être une gynoïde. Non, elle sent la transpiration. On traverse l’aéroport sans que personne ne nous demande quoi que ce soit. À l’extérieur une grosse voiture nous attend. Je dis à Ofelia :
— Vous savez ce qu’on va faire à Pékin, mademoiselle ?
— On a rendez-vous dans la cité interdite. Pour le reste tu verras.
La voiture nous dépose devant un portail. On descend et on voit l’entrée monumentale de la Cité Interdite. Je veux rentrer chez moi... Non ! Je n’ai plus de chez-moi. Un androïde vêtu d’un uniforme comme on en portait il y a des siècles vient vers nous et nous dit :
— Veuillez me suivre.
Ofelia me dit :
— Quand on sera devant l’Impératrice, tu devras te mettre à genoux et poser le front par terre.
Eh oh, ça va pas la tête, quelle Impératrice ??? Je veux le lui demander mais elle me dit :
— Fais ce que je te dis, c’est tout.
On arrive dans une cour immense. Il y a beaucoup de gens et de gardes androïdes, sans doute. Ils sont tous habillés comme le premier qu’on a vu. On tourne un film ? On marche longtemps dans la cour, puis dans des couloirs. Je demanderais bien à l’androïde de me porter. On arrive enfin devant une porte gardée par deux gardes toujours en vêtements d’époque. On entre dans... la salle du trône. Il y a des gardes et des... courtisans. Une jolie femme asiatique d’une trentaine d’années, en vêtements magnifiques, est assise sur le trône. Je ne veux pas dire qu’elle fait pipi, elle est assise sur un vrai trône. Ofelia me donne un coup de coude :
— Aïe ! je...
Elle se met à genoux le front sur le sol. Je fais la même chose. La femme sur le trône nous dit :
— Tu peux partir Ofelia et toi Mila, viens ici.
Ofelia me murmure :
— Fais uniquement ce qu’elle te dit et tout se passera bien.
L’Impératrice me dit :
— Tu as des vilains vêtements, enlève-les.
J'obéis et quand je suis nue, je me remets à genoux.


Elle me dit :
— Jolie petite servante occidentale... Alors, c’est toi qui as peur de sauter en parachute et même en avion ?
— Oui... euh... Majesté, mais j’ai sauté la deuxième fois...
— Grâce à Ofelia... On s’en fout... Enlève mes chaussures.
Elle a des sandales noires, je les enlève. Elle ajoute :
— Maintenant, mets-toi à quatre pattes perpendiculairement à moi, pour que je puisse mettre mes pieds sur ton dos et tes reins.
Je la regarde sans bien comprendre. Deux gardes viennent me mettre à quatre pattes devant elle. L’Impératrice pose ses pieds sur mes reins. Elle me dit :
— Tu n’es pas très maligne mais tu fais un super repose-pieds.
La cour, courtisans, gardes, quémandeurs applaudissent. Elle leur parle, puis elle me dit :
— Voilà la position que doit prendre l’Occident par rapport à la Chine. Tu es d’accord « repose-pieds » ?
— Mais... euh... non, Majesté... aiiieeee !
J’ai reçu un méchant coup de bambou en travers des fesses. Elle me dit :
— Un repose-pieds est toujours d’accord...
Je crie :
— Le repose-pieds est d’accord, Majesté.
Elle change de position et frotte ses pieds sur mes reins. J’ai risqué ma vie pour devenir un repose-pieds ! Ses jambes finissent par être lourdes et puis je dois faire pipi. Là, je craque et je me mets à pleurer et même à sangloter, je suis épuisée et j’en ai plein le... les reins. Elle dit :
— C’est agréable... ces petits sauts. Bon, mets-toi à genoux à côté de moi.
Elle retire ses pieds et je me mets à genoux. Elle me dit :
— Plus près.
Quand je me suis assez rapprochée, elle me caresse la nuque. Non mais à quoi ils jouent ici ? Elle n’a vraiment pas l’air d’une Impératrice. Bien sûr, j’ai vu des petites caméras un peu partout et quand je faisais le repose-pieds, je n’ai pas eu l’occasion de le remarquer, mais les gens dans la... salle du trône ont des petites caméras. J’ai dû sauter d’un avion pour ça ?? L’Impératrice me regarde et elle me dit :
— Le peuple avait envie de te voir comme servante, moi je préfère les Asiatiques.
Donc il y a encore des esclaves, ici !! Elle poursuit :
— Tu va apprendre le chinois le matin et ensuite tu partiras en mission, pour ton IA et moi.
Oui, c’est ça ! Si je ne crois pas ça, elle inventera autre chose. Ça m’étonnerait beaucoup que « mon » IA soit d’accord. Des gens viennent respectueusement lui parler en chinois. Je sais qu’ils parlent de moi parce qu’elle me regarde et elle me caresse la tête. Au bout d’environ deux heures, j’ose lui dire : 
— Je pourrais me lever Majesté ? Je dois terriblement faire pipi.
— Bientôt.
C’est long, je ne comprends rien à ce que les gens viennent lui dire. Ils me photographient ou me filment tous. Enfin, elle me dit :
— Va pisser dans le jardin. Puis tu vas à la cuisine et tu dis « Wǒ xiǎng chī qǐng. » Après, tu vas où tu veux dans les jardins. Je t’enverrai quelqu’un. J’avais envie d’une Occidentale nue comme repose-pieds et mon peuple a aimé, mais ça suffit.
Je me plie en deux et je sors de la salle du trône avec mes vêtements sur le bras. Je n’ai évidemment aucune idée de ce que la phrase veut dire... Dans le meilleur des cas « donnez-moi à manger », dans le pire « coupez-moi la tête ». Je me rhabille et je vais dehors faire pipi dans un coin discret. Je demande à des gens où sont les cuisines. Il y en a un qui parle anglais, heureusement. Il me conduit jusqu’aux cuisines. 
Comme dans toutes les cuisines, il y a des filles qui préparent des repas et un cuisinier qui leur crie dessus. Je m’incline humblement et je lui demande de me « couper le cou » en chinois. Heureusement, c’est l’autre version qui est la bonne. Il me donne deux gros sandwichs. Je me plie à nouveau en deux. Il me montre une chaise devant la table.
Chouette, je peux manger ici. Je regarde ce qu’il y a dans le sandwich : des champignons noirs, du poulet, de la tomate et des pousses de soja. Le cuisinier me regarde et je fais :
— Mmmmhhhh, c’est bon.
Il a compris et hoche la tête. Il dit quelque chose à une des servantes. Elle me sert un verre de vin, avec un grand sourire. Quand j’ai fini, je les remercie, je me plie en deux et je sors. 
Je n’ai plus faim mais je vais dormir où... et avec qui ? J’ai peur toute seule... Oui, je le dis souvent, mais c’est vrai. D’ailleurs, il y a un proverbe qui dit : une femme seule est en mauvaise compagnie... Comment pourrais-je être sereine : on m’a obligée à coucher avec ma famille et puis il y a eu pépé-porc, les sauts et maintenant je suis dans la Cité Interdite où j’ai servi de repose-pieds à une soi-disant Impératrice. Je pleure bêtement sur un banc de pierre... Qu’est-ce qui va m’arriver ? Ah oui, je dois apprendre le chinois !!! C’est la folie.
Une jolie Chinoise en costume d’époque... se dirige vers moi. Elle me dit en anglais :
— Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu pleures ?
Je réponds avec le nez qui coule :
— Je ne sais pas où dormir...
— Tu veux dormir avec moi ?
Je me lève et je la prends dans mes bras. Elle a l’air surprise, oui, ce n’est pas la façon de faire des Chinois. Je lui dis :
— Oh oui, merci.
Je ne suis certainement pas la plus maligne, mais je sens bien que tout ça est arrangé. Ils auront des images. Elle imagine peut-être ce à quoi je pense, car elle me dit :
— Ne réfléchis pas trop, les blondes ne sont pas faites pour ça.
— Vous avez raison, pardon mademoiselle
— Je m’appelle LiLing. Viens, on va faire un tour...
On va dans une partie fleurie de la Cité. Je lui demande :
— Je peux vous poser une question ?
— Vas-y.
— L’Impératrice, c’est... euh...
— Une descendante de la dynastie Qing, les derniers Empereurs de Chine.
— Qu’est-ce que je vais devenir ?
— Ouf, j’avais peur que tu me demandes le sens de la vie. Si un ami important de l’Impératrice te veut, tu iras le satisfaire, mais tu as l’habitude de faire ça. Ensuite tu me rejoindras. Le matin, tu apprendras le chinois. Quand tu le connaîtras, tu feras du tourisme en Chine et en Inde avec un partenaire. Ce sera une mission.
Enfin j’en sais un peu plus. Je prends sa main et l’embrasse.

À suivre.
 
Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

Notre nouveau livre s’appelle : « Lizy, soumise autour du monde », il y a 60 illustrations de Bruce Morgan et vous allez l’adorer. Il est ici :
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