637 - 34 Les primitifs.

On rentre au camp. Je porte le sac de Suki en plus du mien. On marche longtemps... On est tous fatigués, surtout Camille et moi, parce qu’on a les plus lourdes charges. On arrive enfin. Tout le monde s’assoit, sauf moi qui apporte le repas. On mange la même chose qu’hier : des fruits frais, des fruits confits, des biscuits... Je mange les restes de Suki. Heureusement, il y a suffisamment dans ce qu’elle me laisse. Camille nous dit :
— Ce soir on dort, on devra beaucoup marcher demain.
Pourquoi on n’y va pas en hélico ? Je le pense mais ne le dis pas. Avant de m’endormir en compagnie des pieds de Suki, j’imagine l’arrivée chez les primitifs. J’espère qu’ils seront accueillants...
***
Nous passons une bonne nuit, les pieds de Suki et moi, et on se réveille en forme. Je suis sûre que si ses pieds parlaient, ils seraient gentils et ils seraient mes amis. Par contre, Suki les emploie en général pour me filer un coup de pied en disant :
— Déjeuner.
Vous savez déjà comment se passe, les déjeuner dans la forêt, chers lecteurs imaginaires. On mange, on boit, puis on va dans un buisson pour... se soulager. Ensuite on démonte la cabane et on part vers le campement des primitifs. Camille en tête, moi je le suis, Suki est derrière moi un mince bambou en main et Sheng ferme la marche. Tout à coup, je reçois un coup sur les fesses. 
— Aiiie !!
Je gémis :
— Je suis juste derrière monsieur Camille, Mademoiselle.
— Je sais, mais tes fesses ont un petit air insolent qui me donne trop envie de les stimuler.
Ça fait rire Sheng et Camille qui me dit :
— C’est vrai que tes fesses ont un petit air « insolent ».
N’importe quoi ! Il ajoute :
— C’est un compliment, Mila. Elles plairont aux primitifs. Tes fesses seront notre carte de visite.
— Merci Monsieur.
Je porte un sac qui est lourd et, comme toujours, j’ai rapidement soif, faim... mais pas envie de faire pipi, je transpire trop. 
On s’arrête en fin de matinée pour se reposer un peu, boire et manger. On est tous fatigués, même Suki qui ne me donne plus d’ordres. Vivement qu’on arrive chez les primitifs... J’espère juste qu’ils seront pas du genre primitifs anthropophages.
On boit et on se repose un peu, puis on repart. Beaucoup de kilomètres plus loin, on quitte la forêt dense et on arrive enfin sur un sentier. La marche devient un peu plus facile. Camille nous dit :
— On sera bientôt là.
Le sentier nous amène devant une grotte en forme de couloir. On voit un peu de lumière dans le fond. Je pousse un cri parce qu’une chauve-souris me frôle. Suki me dit :
— La petite bête ne mangera pas la grosse.
C’est malin ! On arrive de l’autre côté en vue du campement des primitifs... sauf que ce n’est pas du tout un campement, mais un village, comme il en existait dans le passé. Quant aux indigènes... ils sont tous habillés. Sommairement, à cause de la chaleur, mais les femmes et les hommes ont des shorts, des minces tee-shirts sans manches, des sandales et beaucoup portent des casquettes et même des lunettes de soleil. Ce ne sont pas du tout des primitifs. Par contre, nous, nous sommes nus, à part les chaussures. On a beaucoup transpiré et on sent fort. S’il y a des primitifs ici, c’est bien nous.
On arrive dans le village et les... villageois nous regardent comme des bêtes curieuses. Une belle femme d’une trentaine d’années vient vers nous en disant :
— Je viens d’être avertie de votre arrivée.
Elle regarde Camille et ajoute :
— Suivez-moi et vous les filles, restez là, on viendra vous chercher.
Les gens viennent nous examiner. Ils sont surtout surpris et amusés par notre marque sur la fesse. Un homme dit :
— Alors ça existe encore, les esclaves....
Une femme répond :
— Ah oui, on ne peut pas rater leurs marques. Elles sentent fort en plus.
Un homme ajoute :
— La blonde c’est Mila, une vedette de l’intranet télé-réalité. Sa marque ne doit pas être réelle.
Question conneries, ils sont forts, ici ! Moi, vedette... n’importe quoi ! Et puis je voudrais qu’on le marque au fer rouge, il verrait ce que ça fait. Les gens viennent se photographier et se filmer à côté de nous Il y en a qui mettent leur visage à côté de nos fesses pour se faire filmer. Ce ne sont pas des primitifs mais certainement des dingos. Un homme arrive et il dit :
— Suki et Sheng, venez avec moi.
Suki me regarde et dit :
— Bonne chance, Mila, on se reverra.
Elles le suivent et disparaissent dans la foule. Je suis seule au milieu d’une foule de dingos !



Je vais avoir les larmes aux yeux dans exactement quelques secondes. Ça y est, un jeune homme me dit :
— Pourquoi tu pleures ?
— Je... j’ai peur.
Les gens autour de moi sont décontenancés. On ne pleure pas ici ? Je suis filmée de plus belle... Ils sont surpris de mes pleurs, de ma marque, de mon odeur... Ils sont stupides ? Je vois arriver au loin une jeune femme. C’est une Asiatique avec des grands yeux, un petit nez et une bouche que je reconnais, je l’ai vue dans la camionnette. Elle écarte les gens qui me regardent comme une bête curieuse et elle me tend la main. Je la prends. Elle me dit :
— Ils ne sont pas méchants, juste surpris de voir une fille nue avec une marque d’esclave.
Je réponds :
— Vous êtes Mai ?
Elle me sourit. Bêtement, je lui dis :
— J’ai beaucoup transpiré...
— Ça ne me dérange pas, mais tu vas pouvoir te laver et t’habiller.
— Vous êtes une IA ?
Elle rit et répond :
— Je suis une humaine comme toi. Dans la camionnette, ma bouche, c’était un hologramme.
On traverse la foule et on arrive dans une petite maison du village des primitifs. Parce qu’à mon avis, c’est ce qu’ils sont. Mai me montre la salle de bain en disant :
— Prends ton temps, après on mangera et ce sera un vrai repas.
— Merci Mademoiselle, vous êtes mon sauveur.
Elle rit et quitte la pièce. Des WC, une douche, c’est le paradis ici. Je peux enfin me soulager confortablement sans avoir peur qu’un serpent me morde le cul. Ensuite je prends une douche et je me lave avec un savon qui sent le lotus. Il y a même du shampoing, c’est un cinq étoiles pour moi... Sur un bac pour le linge sale, il y a un short, un tee-shirt et des sandales. Je me déguise en primitif avec plaisir. Je suis surtout ravie de cacher ma marque d’esclave. Je sors de la salle de bain et j’appelle :
— Mademoiselle Mai ?
Elle arrive et me dit :
— Viens, on mange dans le jardin.
On sort vers l’arrière de la maison. Il y a un jardin avec un petit bassin, des plantes aquatiques et des koïs. Une haie de bambous nous protège du soleil. Elle me dit :
— On mange ?
— Oh oui...
Sur la table, il y a des bols avec une spécialité japonaise, je crois. J’attends qu’elle ait commencé à manger pour enlever le couvercle. La nourriture qu’il contient est variée. Je reconnais du riz, des algues, du poisson, des tranches d’avocat, des langoustines... Je mange, c’est délicieux... et oui, je suis émue... Je lui dis : 
— C’est la meilleure chose que j’ai mangée de ma vie 
Elle rit, puis me dit :
— Tu es mignonne.
Ce qui veut dire « un peu conne », je suis d’accord avec elle. On mange, j’adore. On boit un vin blanc délicieux. À la fin du repas, je lui dis :
— Merci, c’était délicieux et ce jardin est si beau. Je voudrais vivre ici avec vous. Vous ne voudriez pas m’adopter ?
Elle rit encore et me dit :
— Tu es hypersensible, toi. Il parait que tu écris...
— ... Euh... oui, des bêtises... Mademoiselle. Mais quand j’écris, je cesse d’être angoissée.
— Et aussi, quand tu embrasses les pieds de Suki.
Je deviens toute rouge... Elle attend que je parle.
— Je... oui... avoir une maîtresse, ça me rassure, mais je...
Je m’arrête, c’est tellement difficile à expliquer. Elle se lève et elle va dans une des pièces, elle revient avec un clavier. Elle le pose devant moi en disant :
— Écris.
— Mais... quoi, Mademoiselle ?
— Ce que tu veux.
— Mais... un IA peut écrire beaucoup mieux qu’un humain.
Elle répond :
— Justement, trop bien, trop parfait, rien d’attendrissant ou d’amusant... Vas-y, c’est ce qu’on attend de toi.
— Vous savez, j’écrivais juste des bêtises avec un crayon sur des bouts de papier.
— Tu ne sais pas utiliser un clavier ?
— Si, bien sûr Mademoiselle.
Je tape : « Je m’appelle Mila et je suis née en France près de Lyon... je... ». Putain ! Et puis ? « Tout a commencé quand... » Je vais commencer autrement « Un jour, des gens sont arrivés chez nous et... » Et, je...
Un homme grand et costaud arrive dans le jardin. Mai me dit :
— Lève-toi.
— On le salue toutes les deux. Il lui dit :
— Alors, comment marche la douceur avec elle ?
Mai baisse la tête et répond :
— C’est que... il lui faut...
L’homme l’interrompt en disant :
— Centre de rééducation pour vous deux. Toi, pour t’être trompée de méthode, une fois de plus.
Il me regarde et ajoute :
— Et toi, pour t’apprendre à obéir. Vous allez griffer les mains de vos mères, mes louloutes.
Il rit, nous pas.

À suivre

Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

Notre nouveau livre s’appelle : « Lizy, soumise autour du monde », il y a 60 illustrations de Bruce Morgan et vous allez l’adorer. Il est ici :
https://www.lamusardine.com/recherche?s=mia+michael&controller=search


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