635 - 32 La carotte et le bâton.

Camille nous dit :
— On déménage, on va à l'endroit où Suki a trouvé ces plantes intéressantes.
Il me regarde, en disant ça. Il sait bien que c’est moi qui les ai trouvées, mais si je n’ose pas le dire, il respecte ma décision.
On rassemble le matériel, c’est moi qui porte le plus. Suki me dit :
— Mila, tu viens de changer de métier, tu n’es plus une servante, pour un moment, mais un âne. Si tu n’avances pas, je devrai te fouetter, mais si tu trottes d’un bon pas, tu auras une carotte...
On attend la suite... Je ne suis pas déçue. Elle termine sa phrase :
— Une carotte dans le cul, bien sûr.
Ça fait rire Sheng... Elles aiment toutes les deux l’image de la carotte et du bâton. Quand j’étais jeune, dans ma famille très riche, un androïde psy m’a diagnostiquée hypersensible. Peut-être que ma maîtresse va me guérir. Camille la trouve certainement trop dure avec moi, mais il a sans doute compris que la manière forte était la bonne façon de me traiter. Je sais que lui restera gentil avec moi, enfin c’est ce que j’espère.
On forme une petite caravane, je suis devant avec mon chargement, Suki derrière moi avec une tige de bambou, pour me frapper sur les fesses ou les cuisses si je ralentis. Sheng et Camille sont derrière. On s’arrête après une heure de marche pour se reposer. Suki dit :
— Il faut donner à boire à notre animal de trait. 
Je dépose mes sacs et elle me donne une grande bouteille de jus de divers fruits en me disant :
— Bois tout.
Je la remercie et je bois. J’arrive à boire la moitié. Je regarde ma maîtresse. Elle me dit :
— On ne va pas s’arrêter tout le temps, bois tout !
Elle lève sa tige de bambou et je bois péniblement le reste de la bouteille. Quand je regarde mon ventre, on dirait que je suis enceinte. Suki me demande :
— Tu n’as rien à me dire ?
NON ! Ou alors si :
— Merci Mademoiselle... burp... Oh ! pardon.
On repart, j’ai l’impression que mon ventre « ballotte ». Malgré le fait qu’on transpire tous, une demi-heure plus tard, je dois faire pipi. Camille parle de plantes avec Suki. Je lui dis :
— Mademoiselle, je... aïeeee !
Elle m’a donné un coup de bambou sur les fesses. Elle me dit :
— Tu as envie que je m’occupe de ton cul, c’est ça ?
— Noooon, je dois faire pipi, je vous jure.... aiieeeee !
Nouveau coup sur les fesses et elle me dit :
— Depuis quand on s’arrête pour faire pisser un âne ?
Heureusement, Camille vient au secours de ma vessie en disant :
— Je dois pisser aussi, on s’arrête.
Il s’éloigne un peu et je regarde ma maîtresse avec des yeux suppliants. Regardez, comme ça... Ben non, impossible, vous êtes imaginaires. Elle me dit :
— Pisse devant moi, je veux vérifier que tu ne mens pas.
— Merci mademoiselle.
Je m’accroupis et les chutes du Niagara miniature s’échappent de moi. Je me secoue un peu, je me méfie des feuilles, ici. On repart, je remercierai Camille plus tard. On marche longtemps, je ne me souvenais pas que c’était si loin. 
Quand on arrive enfin à notre endroit, on commence par construire une petite cabane. On met de grandes feuilles sur un semblant de toit. Je vois Camille parler à Suki, ils ont l’air d’accord. Il lui demande peut-être de me traiter moins durement... ça m’arrangerait, bien que je n’aie pas beaucoup de traces sur les fesses et qu’elle a chassé presque tous les salopards de démons qui voletaient dans mon cerveau et mon estomac.
Quand une cabane sommaire est construite. Suki claque des doigts et me montre ses chaussures. Je vais me mettre à genoux et je les enlève, puis... j’embrasse ses pieds. Personne ne fait ça sans être forcé, mais moi, j’aime ses pieds, sa sueur, son odeur. Mes derniers démons me quittent en râlant.
Elle me regarde et... je sais ce qu’elle veut... je suce ses orteils en commençant par le pouce du pied droit. J’entends Sheng rire... m’en fous. Je suce tous ses orteils... Camille lui dit :
— Le petit drone qui nous survole va envoyer ces images partout, tes pieds vont être célèbres à travers toute la galaxie.
Suki et Sheng rient avec lui. D’accord, c’est pas glorieux, mais est ce que j’ai encore mon libre arbitre ? Tandis que j’ai ses orteils en bouche, j’imagine la mine dégoûtée de tous les gens qui regardent l’intranet. 
Camille met fin à ces jeux malsains mais si apaisants pour moi en disant :
— On va chercher des plantes.
Suki répond :
— Je voudrais que Mila reste ici pour nettoyer le camp et préparer le feu.
Camille me regarde et me demande :
— C’est bien le rôle que tu as choisi, Mila ?
J’enlève un des orteils de Suki de ma bouche pour répondre :
— Quand mademoiselle Suki me contrôle, je trouve enfin un peu de paix...
Il me regarde, un peu décontenancé par cette déclaration, alors j’ajoute :
— Depuis que des envoyés de l’IA d’Europe sont venus nous réduire en esclavage et...
Suki m’interrompt en disant :
— Tu nous raconteras ta vie une autre fois, tu peux arrêter de me lécher les pieds. On va chasser les plantes et toi tu as du nettoyage... Et que ce soit impeccable si tu ne veux pas manger debout ce soir.
Je réponds quelque chose de pas très original de ma part :
— Oui Mademoiselle.
Ils s’en vont... me laissant seule. Le camp se trouve sous un grand arbre, il n’y a pas beaucoup de végétation. J’enlève toutes les plantes qui s’y trouvent ainsi que tous les cailloux et les morceaux de rocher. Le sol est dur et j’ai du mal à les enlever. Quand tout est propre ou en tout cas nettoyé, je vais chercher des grosses pierres pour faire un cercle pour le foyer. Je termine en allant chercher des branches mortes pour faire le feu. Je pense avoir tout fait et je vais un peu me reposer contre l’arbre... Je crois que je somnole un peu, parce que je me réveille en sursaut et entendant :
— Pas trop fatiguant, Mila ?
Je me lève aussitôt. Camille me dit :
— Super travail Mila, tu es notre petite fée du logis.
— Merci Monsieur.
Sheng se fend d’un :
— Oui pas mal.
Suki ne dit rien, elle s’assoit, claque des doigts et regarde ses pieds. Je vais me mettre à genoux... oui, vous connaissez la suite, lecteurs et lectrices imaginaires, et vous bâillez. Je passe. Sheng dit :
— Mila obéit littéralement au doigt et à l’œil.
C’est vrai et c’est beau, je crois que ce sera le titre de mon livre imaginaire. 
Camille fait du feu avec le bois que j’ai ramassé et il fait cuire plusieurs poissons. Il me dit :
— J’ai mis des lianes qui endorment les poissons dans l’eau. 
Heureusement qu’il est là.  Quand ils sont cuits, il les met dans des assiettes faites dans un matériau très léger que je ne connais pas. Il y a quatre beaux poissons. Suki dit :
— Mila, fais le service.
— Oui Mademoiselle.
Je sers tout le monde, puis je vais me mettre à genoux près d’elle... Elle prend « mon » poisson et le met dans son assiette en disant :
— Je te donnerai à manger moi-même.
Ils attendent tous que ça refroidisse un peu, puis ils mangent avec les mains tandis que je salive à côté de ma maîtresse. Quand elle a mangé des filets des deux poissons, elle me dit :
— Tu attends quoi ?
— Vos restes, Mademoiselle.
Elle me donne son assiette. Je lui dis :
— Merci beaucoup, Mademoiselle.
Je prends de la chair dans les deux poissons qu’elle a charcutés. Depuis que les IA ont pris le pouvoir, tout est... devenu surréaliste... Je n’aime pas les surréalistes, je préférerais être dans une toile de Botticelli, une nymphe dans La Primavera, au pied de Vénus, ma maîtresse. Justement, elle me dit :
— Va me chercher des fruits.
Camille m’en donne... Suki les goûte, puis mange ce qu’elle préfère et elle met les morceaux qui restent dans une assiette qu’elle dépose par terre. Un coup d’œil vers moi et je vais manger à quatre pattes comme son petit animal familier.
Camille nous dit :
— Malgré la fatigue, j’ai une méchante envie de sexe. Quelque chose d’original, qui connaît le Kamasutra ?
C’est Suki qui répond :
— Moi... on pourrait faire un carré, tu n’as pas quelque chose à boire pour nous mettre dans l’ambiance ?
Il répond :
— Plus d’alcool, mais j’ai trouvé quelque chose qui pourrait être amusant et excitant : un champignon psychotrope.
C’est quoi ça « spikotrop » ? Suki le sait, elle sait tout, elle lui dit :
— Super.
Camille prend quatre champignons tout ce qu’il y a de banals et il les enfile sur un long morceau de bois vert. Il le laisse cuire un petit moment et il en donne un à Suki et un Sheng. Elles soufflent dessus et le mange. Il dit à Suki :
— J’en donne à la petite ?
Eh ! Je mesure 1 m 63,5... euh... oui, j’suis petite. Suki répond :
— Regarde sa tête, genre, moi je ne reçois jamais rien. Oui, donne-lui.
Il me donne un champignon. Je lui dis :
— Merci monsieur Camille. Ce n’est pas dangereux ?
Suki répond :
— Au contraire, tu vas te transformer en oiseau et t’envoler dans les airs avec les aigles. Ça te plairait ?
Qu’est-ce que je peux lui répondre, à part :
— Oui Mademoiselle.
Je le mange. Il a un goût de champignon... J’attends... Rien ne se passe. En principe, ma maîtresse ne veut pas que je parle, ou alors pour répondre à une question, ou encore parce qu’il y a le feu... Là, j’entends un bruissement dans les buissons et puis je vois apparaître un.... tigre ! Je crie :
— Là, un tigre !!!




Ils rient tous les trois et Suki me dit :
— Viens mettre ton nez dans ma chatte, là, il n’y a pas de tigre.

À suivre

Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.

Notre nouveau livre s’appelle : « Lizy, soumise autour du monde », il y a 60 illustrations de Bruce Morgan et vous allez l’adorer. Il est ici :




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